Les Etats membres de l’OCS plaident d’un ordre international multipolaire
En marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (l’OCS), les présidents russe et chinois ont participé à une rencontre bilatérale à Astana, au Kazakhstan. L’occasion de réaffirmer leur unité face à l’hégémonie occidentale, en prônant un ordre multipolaire.
Le dirigeant chinois a salué mercredile haut niveau des relations sino-russes, soulignant la nécessité de faire bloc face à une situation internationale et un environnement extérieur turbulents. Les deux puissances asiatiques, en conflit ouvert avec les Etats-Unis et l’Union européenne, tentent de fédérer sous leur égide l’ensemble des Etats qui rejettent l’influence occidentale.
Sur l’invitation du président kazakhstanais Tokaïev , Poutine et Xi se sont tous deux rendus à Astana, la capitale du Kazakhstan, où se tenait, les 3 et 4 juillet, le sommet annuel de l’OCS, un forum qui regroupe la Chine, la Russie et plusieurs autres Etats, principalement d’Asie centrale. Fondée en 2001, l’organisation, qui regroupe 40 % de la population mondiale, est devenue, ces dernières années, une plateforme de coopération destinée à concurrencer les institutions occidentales.
L’OCS recrute notamment parmi les Etats mis au ban de la communauté internationale. Après avoir admis l’Iran l’an dernier, elle vient d’annoncer l’intégration de la Biélorussie, soutien de la première heure à l’invasion russe en Ukraine . Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, dont la réélection controversée en 2020 n’a pas été reconnue par l’Union européenne , a déclaré : Nous avons le pouvoir de détruire les murs d’un monde unipolaire.
En réaction à l’hégémonie occidentale, les Etats membres de l’OCS plaident en faveur d’un ordre international multipolaire. Lors de la séance plénière, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont affiché leur unité face à l’Occident.
Le président chinois a souligné la nécessité de (s’)unir pour résister aux ingérences extérieures » et de se soutenir fermement les uns les autres, tandis que Vladimir Poutine a appelé à un ordre mondial multipolaire équitable. Il est extrêmement important pour le monde que l’OCS se place du bon côté de l’Histoire, a renchéri le leader chinois.
En marge du sommet, plusieurs rencontres bilatérales ont eu lieu. Parmi elles, l’entrevue du ministre des Affaires étrangères indien, Subrahmanyam Jaishankar, avec son homologue chinois, Wang Yi. Les deux hommes ont prévu de se réunir prochainement, afin de reprendre les discussions concernant la frontière commune, qui n’est pas définie.
Un sujet très sensible, qui a donné lieu à plusieurs affrontements en 2020 , accompagnés de démonstrations militaires. Après l’échec de 21 salves de négociations, les deux voisins affichent leur volonté de trouver une issue pacifique au conflit. Reste à savoir si les déclarations seront suivies d’effets.
L’unité apparente de l’organisation peine à cacher les divergences et les rivalités des principales puissances. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan , invité en tant que partenaire de dialogue, a rencontré Vladimir Poutine mercredi matin afin de proposer une médiation dans le conflit ukrainien. Plaidant pour une paix juste, Erdogan s’est attiré les foudres du Kremlin, dont le porte-parole a jugé impossible une médiation turque.
Par ailleurs, l’amitié sino-russe n’éclipse pas les luttes d’influence en Asie centrale, dont la situation stratégique et les réserves en hydrocarbures aiguisent les appétits. Ces dernières années, la Chine a multiplié les partenariats économiques avec les anciennes républiques soviétiques , dont la participation est essentielle au projet des nouvelles routes de la soie, au grand dam de la Russie. Le bloc anti-occidental resserre les rangs mais, derrière l’unité affichée, les rivalités demeurent.