Les forces de sécurité soudanaises dispersent les manifestations avec des grenades lacrymogènes
Les forces de sécurité soudanaises ont arrêté des dizaines de manifestants et tiré dimanche 7 novembre des grenades lacrymogènes sur plusieurs cortèges au premier jour d’une nouvelle campagne de désobéissance civile annoncée par les militants pro-démocraties pour protester contre la mainmise de l’armée sur le pays.
Après une mobilisation lancée le jour du putsch qui s’est essoufflée la semaine passée, syndicats et autres organisations ont de nouveau exhorté les Soudanais à la désobéissance civile dimanche, premier jour de la semaine au Soudan, et lundi.
Des centaines de manifestants ont défilé à Wad Madani dans le sud ou à Atbara, dans le nord, au cri de « Non au pouvoir militaire », tandis que des dizaines d’enseignants ont convergé vers le ministère de l’Éducation à Khartoum pour une protestation silencieuse contre les décisions du général Burhane.
Les forces de sécurité soudanaises sont arrivées et ont tiré des grenades lacrymogènes sur nous, alors que nous nous tenions seulement là avec nos pancartes : ‘Non au régime militaire' », a-t-il ajouté.
Selon le syndicat des enseignants, 87 manifestants ont été arrêtés « sans mandat » et une enseignante a eu la jambe cassée dans la dispersion.
Quelques heures plus tard un cortège de quelques centaines de manifestants a également essuyé des tirs de grenades lacrymogènes, selon des témoins, cette fois dans le turbulent quartier d’al-Bourri, dans l’est de la capitale. Ils scandaient aussi « le peuple a choisi les civils ».
Depuis la dissolution ce jour-là par le général Abdel Fattah al-Burhane de l’ensemble des institutions du pays et l’arrestation de la quasi-totalité des civils avec lesquels il partageait le pouvoir, la rue est entrée en résistance.
Dès la nuit, des manifestants avaient bloqué des routes avec briques et pavés, tandis que des magasins sont restés fermés.
L’Université de Khartoum, où des étudiantes ont été frappées par des militaires jusque dans leurs dortoirs aux premiers jours du putsch, a annoncé un débrayage illimité tandis que l’Université de la mer Rouge, dans l’est, disait suspendre ses cours pour « la sécurité des étudiants ».
Pour les organisations pro-démocratie à la pointe de la « révolution » anti-Béchir, la ligne est claire : « Pas de dialogue, pas de négociation, pas de partenariat [avec l’armée] », clament-ils dans des communiqués diffusés par SMS, Internet étant bloqué depuis quatorze jours.
Jusqu’ici les négociations n’ont toutefois mené ni à la formation d’un nouveau gouvernement, ou au retour de celui démis brutalement par le général Burhane, ni même à l’adoption d’une position claire sur la reprise ou non de la transition démocratique lancée à la chute de Béchir.
Le Premier ministre Abdallah Hamdok, en résidence surveillée, et ses rares ministres en liberté continuent de plaider le retour à l’avant 25 octobre, mais l’armée, elle, veut un nouveau gouvernement plus enclin à sauvegarder ses intérêts politiques et économiques, estiment des experts.
Des négociateurs de la Ligue arabe, du Soudan du Sud ou de l’ONU multiplient les rencontres avec les deux camps.
Mais leur tâche est compliquée, le représentant de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, s’est indigné jeudi de voir que des politiciens civils venus le rencontrer à son QG avaient été arrêtés par l’armée sur le pas de sa porte.
Dimanche, une délégation de la Ligue arabe a rencontré le général al-Burhane, qui continue les purges. Après avoir démis tous les administrateurs d’entreprises publiques, il a limogé dimanche tous les directeurs de banques publiques.
par: Arab Observer