Tunisie: Les Frères musulmans transfèrent sa bataille du Parlement à la rue
Avec l’escalade des manifestations exigeant la responsabilité du mouvement des Frères musulmans Ennahdha et son interdiction de la vie politique tunisienne en raison de son incitation à la violence et à la propagation de la rhétorique d’expiation et de haine, aujourd’hui, samedi, les Frères musulmans de Tunisie démontrent leur pouvoir d’intimider rue et ceux qui s’opposent à leur règne dans le pays, au milieu des avertissements du glissement de cette manifestation vers le chaos et la violence.
Rached Ghannouchi est en train de jouer ses dernières cartes en donnant son aval pour descendre dans la rue le 27 février. L’objectif déclaré est de «protéger la Constitution et la démocratie et accélérer les réformes de développement en faveur des jeunes et du peuple». Au demeurant, ce n’est qu’une stratégie de fuite en avant, ponctuée par des appels au dialogue qui s’apparente beaucoup plus à des manœuvres dilatoires.
Le mouvement Ennahdha a commencé à mobiliser ses partisans il y a une semaine, à travers les médias sociaux et par contact direct à travers ses structures dans toutes les villes du pays, dans le but de rassembler le plus grand nombre possible de personnes, dans une tentative d’afficher sa popularité après la baisse de confiance des Tunisiens en lui, selon les résultats des sondages en faveur du Parti constitutionnel libre dirigé par Abir Moussi et du président Kais Saied.
Cependant, l’appel d’Ennahdha à une «marche nationale» n’a pas vraisemblablement trouvé un écho favorable auprès de certains de ses membres, notamment ceux qui se sont démarqués de Rached Ghannouchi et font aujourd’hui partie du groupe des 100 qui refusent la mainmise totale et complète de ce dernier sur le parti. Le député Samir Dilou s’est d’ores et déjà exprimé sur les ondes d’une radio privée sur cette question et a déclaré qu’il est contre la mobilisation de la rue et que dans les temps de crise il faut recourir au dialogue.
Eu égard à la gravité de la situation générale, certaines parties ont appelé au dialogue pour désamorcer la crise et éviter le pire. L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, qui a qualifié la situation d’extrêmement grave, a appelé dans son communiqué relayé par la TAP à faire valoir le dialogue en vue de résoudre la crise politique, préserver l’intérêt national et œuvrer à la mise en place de la Cour constitutionnelle dans les plus brefs délais.
La marche d’Ennahdha a provoqué une rupture, alors que le bloc de la Coalition Al Karama a annoncé qu’il ne participerait pas à la marche et a accusé le mouvement Ennahdha de renverser ses consensus et de négliger le but initial de la manifestation, et d’investir il pour ses fins loin de ses objectifs originaux.
Pendant ce temps, des craintes ont surgi que la marche pourrait sombrer dans le chaos et la violence, en raison de sa coïncidence avec une autre marche dirigée par le Parti travailliste de gauche, qui a également appelé ses partisans à descendre dans la rue, pour dénoncer la violation du classe au pouvoir par les intérêts de la Tunisie et de son peuple.
par: Arab Observer