Les Irakiens ont continué de manifester malgré l’annonce d’Abdel Mahdi

Les Irakiens ont continué ce samedi de manifester à Bagdad et dans le sud de l’Irak, assurant qu’ils maintiendraient leurs campements et blocages des routes jusqu’au départ de « tous les corrompus », après l’annonce du Premier ministre Adel Abdel Mahdi de son intention de démissionner.

Vendredi, Adel Abdel Mahdi, en fonction depuis un an, a annoncé qu’il allait « soumettre au Parlement une lettre formelle dans laquelle il exprime [son] intention de démissionner, afin que l’Assemblée puisse revoir ses choix ».

À Nassiriya, où la répression tourne depuis jeudi au carnage, des manifestants ont brûlé des pneus en travers de trois ponts enjambant l’Euphrate dans la ville qui borde les ruines de l’antique Ur.

Des centaines d’autres ont convergé vers un campement installé sur une place du centre de cette ville du sud du pays où depuis deux mois les manifestants conspuent le pouvoir à Bagdad et son parrain iranien, un mouvement endeuillé en deux mois par plus de 420 morts et quelque 15 000 blessés selon un bilan compilé à partir de sources policières et médicales.

Depuis jeudi, 42 manifestants ont été tués à Nassiriya, où les forces de l’ordre les pourchassent en tirant à l’arme automatique. Les manifestants eux ripostent en incendiant des QG de la police.

Dans le Sud également, à Diwaniya, les Irakiens se sont rassemblés par milliers samedi pour réclamer « la chute du régime » et la fin du système politique conçu par les États-Unis, après le renversement de Saddam Hussein en 2003 consécutif à l’invasion américaine du pays. « On continue le mouvement, la démission d’Adel Abdel Mahdi n’est que la première étape, il faudra ensuite limoger et juger tous les corrompus », a lancé l’un des manifestants.

Les Irakiens réclament une nouvelle Constitution et, surtout, un renouvellement complet d’une classe politique qu’ils jugent incompétente et qui a fait s’évaporer en 16 ans l’équivalent de deux fois le PIB du deuxième producteur de l’Opep.

À Najaf, ville sainte chiite où des manifestants ont incendié mercredi soir le consulat iranien déclenchant une répression débridée, le calme régnait samedi matin. Ces derniers jours, les manifestations et les affrontements ont eu lieu dans l’après-midi et le soir.

Jeudi, cinq manifestants ont été tués à Najaf par des hommes en civil qui ont tiré sur des jeunes s’approchant d’un sanctuaire où siège un parti, selon des témoins. Le gouverneur de la ville a réclamé au pouvoir à Bagdad l’envoi d’enquêteurs et de juges pour faire la lumière sur ces morts. Vingt et un manifestants ont été tués depuis jeudi à Najaf.

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