Les Kurdes manifestent contre les menaces d’Erdogan

Quelques milliers de personnes ont manifesté dimanche en Syrie près de Ras al-Aïn, ville majoritairement kurde située à la frontière avec la Turquie, pour dénoncer les menaces d’une offensive réitérées la veille par le président Recep Tayyip Erdogan.
Ankara a menacé à plusieurs reprises ces derniers mois de lancer une opération militaire en Syrie, exprimant son insatisfaction face aux efforts des Etats-Unis pour établir une « zone de sécurité », qui doit séparer la frontière turque des territoires kurdes du nord syrien.
« A bas Erdogan », « A bas l’occupation », ont scandé les manifestants massés directement à la frontière près de Ras al-Aïn, dans le nord syrien.
Le cortège a ensuite défilé sur plusieurs kilomètres pour rejoindre une base près de Tel Arqam, tenue par la coalition internationale emmenée par Washington, alliée aux forces kurdes dans le cadre de la lutte antiterroriste, d’après la même source.
« Nous n’allons pas abandonner notre terre et nous allons y rester mais on ne veut pas la guerre », a dit Ahmed Mohamed Salem, un manifestant de 52 ans.
Samedi, le président turc est revenu à la charge. « Nous avons effectué nos préparatifs, achevé nos plans d’opération, donné les instructions nécessaires », a-t-il déclaré, ajoutant que l’offensive pouvait commencer « aussi tôt qu’aujourd’hui, demain ».
Les autorités kurdes en Syrie ont réagi en appelant la communauté internationale à « exercer une pression sur la Turquie pour l’empêcher de commettre toute agression ».
Dans les secteurs syriens de Ras al-Ain, Tal Abyad ou encore Kobané, tous frontaliers de la Turquie, des forces locales ont creusé des tranchées et des tunnels en vue d’une opération turque, a assuré dimanche l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
La coalition internationale avait estimé mi-septembre que de solides « progrès » avaient été effectués pour la création de la « zone de sécurité ».
Cette zone, qui fait l’objet d’un accord conclu en août entre Ankara et Washington, doit séparer la frontière turque des territoires tenus par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée par la Turquie comme un « groupe terroriste ».
Dans le cadre de cet accord, la Turquie et les Etats-unis ont mené trois patrouilles terrestres communes, la dernière en date le 4 octobre. Les forces kurdes ont annoncé, en parallèle, avoir éliminé des fortifications à la frontière et amorcé un retrait de certaines zones.
Les YPG ont été un partenaire clé de Washington dans la lutte contre le groupe terroriste Etat islamique (EI). Si elle a lieu, une offensive de la Turquie serait la troisième en Syrie depuis 2016. La première, menée il y a trois ans, visait l’EI et la deuxième, en 2018, les YPG.

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