Les manifestations se poursuivent en France contre le projet de réforme des retraites
Les opposants à la réforme des retraites – plus d’1,3 million selon la CGT – ont à nouveau battu le pavé vendredi dans toute la France, pendant le gouvernement adoptait son projet de loi en Conseil des ministres.
Selon le ministère de l’Intèrieur, les manifestations ont rassemblé 249.000 personnes en France, dont 31.000 à Paris. Selon la comptabilisation du cabinet Occurrence pour un collectif de médias, 39.000 personnes ont défilé à Paris.
Selon la CGT le cortège parisien comptait de 350.000 à 400.000 personnes. Il a rallié dans le calme la place de la République à celle de la Concorde peu après 16H00. Ailleurs en France, plus de 127.000 manifestants étaient recensés dans une soixantaine de villes, selon un décompte effectué à partir des chiffres de la police et des préfectures.
Après plusieurs actions coup de poing dans les jours précédents, Emmanuel Macron a dénoncé « les actes de violence et la radicalité de certains blocages », appelant « à la plus grande fermeté à l’égard de leurs auteurs », selon des propos rapportés par Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres.
« Ce mouvement reste massif, on a des taux de grève importants, il s’inscrit dans la durée », a affirmé Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, majoritaire dans l’Éducation.
Le taux de grévistes était de 7,98% dans la fonction publique d’État et de 11% dans l’Education nationale, selon le gouvernement, 40% selon les syndicats enseignants.
« La démocratie sociale et politique ne s’est pas exercée. Espérons que, dans les mois qui viennent, à l’occasion du débat parlementaire et des amendements, la démocratie reprenne un peu ses droits », a insisté le président de la CFE-CGC François Hommeril.
Quelque 200 avocats du barreau de Bordeaux se sont réunis sur les marches du tribunal, en robe et portant tous des masques blancs, symbolisant selon l’un d’eux « la mort promise à 30% des avocats à cause de la réforme des retraites ». Le Conseil national des barreaux (CNB), qui a rencontré jeudi le Premier ministre Édouard Philippe, a déploré qu’il n’y ait eu « aucune nouvelle proposition ». Il décidera samedi de la suite du mouvement de grève.
A Paris, la Tour Eiffel était fermée. Les transports étaient de nouveau affectés par la grève, avec 13,9% de grévistes à la SNCF vendredi matin.
Pour samedi, la SNCF prévoit « un trafic normal, avec peut-être quelques adaptations » et la RATP un trafic « quasi normal », sauf sur la ligne 13 qui restera « perturbée ».
Clé de voûte financière de la réforme des retraites, « l’âge d’équilibre reste dans la loi », même si le gouvernement a renoncé à l’appliquer dès 2022, a indiqué vendredi la ministre des Solidarités Agnès Buzyn.
Les discussions se poursuivent entre gouvernement, syndicats et patronat sur des points-clés comme la pénibilité, le minimum de pension, les fins de carrière et l’emploi des seniors.
L’exécutif s’en tient à son calendrier. Adoptés en Conseil des ministres, les deux projets de loi – l’un organique, l’autre ordinaire – visant à créer un « système universel » de retraite par points vont être transmis à l’Assemblée nationale pour un débat en séance publique à partir du 17 février en vue d’un premier vote début mars.
Autant de sujets qui rendent incertain le coût final de la réforme, dont « l’équilibre d’ici 2027 » est renvoyé à une « conférence des financeurs » qui sera lancée le 30 janvier et doit proposer une solution avant la fin avril. La CGT et FO n’ont pas encore dit si elles y participeraient.