Les nord-irlandais craignent de rompre leurs liens avec la Grande-Bretagne

Dans le quartier résolument pro-britannique de Shankill, à Belfast, les unionistes nord-irlandais craignent que le nouvel accord de Brexit ne distende leurs liens avec la Grande-Bretagne, pierre angulaire de leur identité.
Dans ce bastion de l’unionisme, des drapeaux britanniques flottent dans les rues et des peintures murales commémorent les paramilitaires loyalistes morts pour « la cause ». Fusillades, bombardements… Du sang a été versé dans ce quartier ouest de Belfast.
Le parti nord-irlandais unioniste DUP soutient le Brexit et le gouvernement du Premier ministre Boris Johnson, mais il est farouchement opposé à son accord de divorce avec l’Union européenne.

Cet accord dote notamment l’Irlande du Nord d’un régime douanier et fiscal spécial permettant de maintenir ses échanges avec la République d’Irlande voisine qui, elle, reste dans l’UE. Mais le DUP rejette tout traitement qui donnerait à l’Irlande du Nord un statut différent du reste du Royaume-Uni.
Il redoute surtout que le plan de Boris Johnson ne débouche sur la création d’une frontière en mer d’Irlande, l’isolant de la Grande-Bretagne.
Sammy Wilson, le député DUP chargé du Brexit, a estimé dimanche que cet accord allait « causer beaucoup de dégâts à l’Union », en référence au Royaume-Uni. « Nous voulons sortir (de l’UE) comme une seule nation. Cela reste notre objectif ».
La route de Shankill est parsemée de peintures murales géantes représentant des hommes armés loyalistes ou encore la reine Elizabeth II.
Agée de 77 ans, Lucy Murray, confie avoir « du mal à comprendre pourquoi ils veulent mettre une frontière dans la mer ».
« Je ne suis pas d’accord. Je pense que nous devrions toujours faire partie du Royaume-Uni », poursuit-elle. « Nous espérons ne pas avoir à nous battre pour cela ».
Selon la BBC en Irlande du Nord, après l’annonce sur un nouvel accord de Brexit, des débats ont été organisés entre unionistes modérés et radicaux sur l’option d’une « désobéissance civile » à grande échelle.
– « Nous sommes encore britanniques » –
Les unionistes craignent que le Brexit ne les rapproche d’une unification avec la république d’Irlande.
« Il va y avoir un vote pour une Irlande unie », craint Iain Whiteside, propriétaire d’une boutique de cadeaux, pleine de tasses flanquées du drapeau Union Jack.
« La majorité des gens en Irlande du Nord seront bientôt catholiques, c’est ce vers quoi se dirige le pays », assure-t-il, comme résigné.
Dans une recherche publiée en mai, Duncan Morrow, de l’université d’Ulster, décrivait une « tendance vers une majorité catholique en Irlande du Nord ».
L’unionisme est historiquement prôné par les protestants tandis que les catholiques ont généralement favorisé l’intégration de l’Irlande du Nord à la république d’Irlande. Néanmoins, le lien entre appartenance religieuse et opinions politiques est de plus en plus tenu.
D’autres semblent moins inquiets des changements en vue: leur lien au reste du Royaume-Uni est une affaire d’histoire et de sentiment.
« Quoiqu’il arrive, nous sommes encore britanniques », martèle Elaine Malley, unioniste et mère de 48 ans.
Les accords de paix du Vendredi Saint, qui ont mis fin en 1998 à trois décennies de violences communautaires, prévoient que la frontière entre l’Irlande du Nord et la république d’Irlande (au sud), soit invisible.
S’il est adopté, l’accord obtenu par Boris Johnson préserverait cette condition. Mais, si elle avait le choix, Elaine Malley préfèrerait plutôt une frontière au sud avec l’Irlande qu’une en mer, avec la Grande-Bretagne.
« Je suis née britannique et je mourrai britannique », insiste-t-elle.

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