Libye: Des affrontements entre milices à Tripoli font 12 morts
Des affrontements à l’arme légère et lourde, ont éclaté dans plusieurs quartiers de Tripoli où des rafales de tirs et des bombardements ont retenti toute la nuit. Ils se poursuivaient samedi après-midi, gagnant de nouveaux quartiers de la capitale.
Les combats qui ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Tripoli ont fait au moins 12 morts et 87 blessés. Six hôpitaux de Tripoli ont été touchés dans ces combats qui font craindre une nouvelle guerre en Libye, déjà en plein chaos avec deux gouvernements rivaux.
Six hôpitaux touchés, 12 morts et 87 blessés, selon un premier décompte officiel. Depuis la nuit de vendredi à samedi, des milices s’affrontent dans des combats meurtriers faisant craindre une nouvelle guerre en Libye, déjà en plein chaos avec deux gouvernements rivaux.
Le ministre de la Santé a dénoncé des «crimes de guerre». Les affrontements ont causé d’importants dégâts, selon des images diffusées sur internet, montrant des voitures calcinées et des bâtiments criblés de balles ou incendiés. Le gouvernement basé à Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a accusé le Premier ministre rival Fathi Bashagha, basé provisoirement à Syrte, de «mettre à exécution ses menaces» de s’emparer de la ville.
Depuis sa désignation en février par le Parlement siégeant dans l’Est, Fathi Bashagha tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force pour y parvenir. Le bureau des médias de Bashagha a, en retour, accusé le gouvernement de Tripoli de «s’accrocher au pouvoir», l’accusant d’être «illégitime». Il a aussi démenti toute négociation avec son rival en vue d’un accord.
Des médias locaux ont affirmé qu’une alliance de milices pro-Bashagha était en route vers la capitale depuis Misrata, à 200 km plus à l’est, ville-bastion des deux rivaux. «La guerre en milieu urbain a sa propre logique, elle est nuisible à la fois aux infrastructures civiles et aux personnes, donc même s’il n’est pas long, ce conflit sera très destructeur», estime Emadeddin Badi, chercheur au centre de réflexion Global Initiative.
Abdelhamid Dbeibah, à la tête d’un gouvernement de transition, a assuré à maintes reprises qu’il ne céderait le pouvoir qu’à un gouvernement élu. Les tensions entre groupes armés fidèles à l’un ou l’autre des deux dirigeants se sont exacerbées ces derniers mois à Tripoli. Le 22 juillet, des combats y avaient fait 16 morts, dont des civils, et une cinquantaine de blessés.
L’ambassade américaine à Tripoli s’est dite «très préoccupée», tandis que la mission de l’ONU en Libye a appelé à «un arrêt immédiat des hostilités» en dénonçant des «affrontements […] dans des quartiers peuplés de civils». De son côté, le Qatar a appelé «toutes les parties à éviter l’escalade et l’effusion de sang et à régler les différends par le dialogue».
Le gouvernement en place à Tripoli est né début 2020 d’un processus parrainé par l’ONU, avec comme mission principale l’organisation d’élections en décembre dernier mais reportées sine die en raison de fortes divergences sur la base juridique des scrutins. La Libye a sombré dans le chaos après le soulèvement ayant entraîné la chute du régime de Kadhafi en 2011. En onze ans, le pays d’Afrique du Nord a vu passer une dizaine de gouvernements, deux guerres civiles et n’est jamais parvenu à organiser une élection présidentielle.
par: Arab Observer