L’Institut de virologie de Wuhan nie toute implication dans une fuite de coronavirus
L’Institut de virologie de Wuhan alimente depuis des mois les hypothèses d’une fuite du coronavirus depuis ces installations sensibles. Une hypothèse partagée sur les réseaux sociaux renforcée par l’évocation cette semaine d’une enquête américaine pour notamment creuser cette théorie, qui, rappelons-le, ne s’appuie pour l’instant sur rien de tangible. Pour la première fois, le laboratoire incriminé a réagi ce samedi, dénonçant une “théorie du complot” destinée à “semer la confusion”.
“Il est impossible que ce virus provienne de nous”, a démenti le professeur Yuan Zhiming, directeur adjoint de l’Institut de virologie de Wuhan. Expert en microbiologie et en biotechnologie, ce scientifique a été formé et a travaillé en France, au Danemark et aux États-Unis pendant plusieurs années. “Nous savons clairement quel type de recherche se déroule à l’institut et comment l’institut gère les virus et les échantillons”, a assuré le directeur, disant par ailleurs “comprendre” que certaines personnes aient pu établir un lien entre l’épidémie et le laboratoire, compte tenu de sa localisation.
À la suite d’articles de presse sur la possible implication du laboratoire chinois, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a évoqué cette semaine une “enquête exhaustive sur tout ce que nous pouvons apprendre sur la façon dont ce virus s’est propagé, a contaminé le monde et a provoqué une telle tragédie”.
Le très sérieux quotidien américain The Washington Post a récemment révélé que l’ambassade des États-Unis à Pékin, après plusieurs visites à l’institut, avait alerté en 2018 les autorités américaines sur des mesures de sécurité apparemment insuffisantes dans un laboratoire qui étudiait les coronavirus issus de chauves-souris.
La chaîne américaine Fox News, citant “plusieurs sources” anonymes, a pour sa part incriminé le laboratoire P4 (pour pathogène de classe 4) du site. Il s’agit d’une installation de très haute sécurité, qui héberge les souches les plus dangereuses des virus connus – comme Ebola.
D’un coût d’environ 40 millions d’euros, l’institut de virologie de Wuhan a été financé par la Chine et réalisé avec la collaboration de la France. Il permet de mener des recherches de pointe et travaille en collaboration avec l’OMS et diverses agences onusiennes. Son ambition: réagir plus rapidement à l’apparition de maladies infectieuses. Les chercheurs y travaillent en confinement absolu.
Bien que la presse américaine évoque à chaque fois le P4, les germes moins pathogènes comme les coronavirus sont en théorie plutôt étudiés dans les P3, un type de laboratoire dont dispose également l’institut. Il existe moins d’une trentaine de P4 dans le monde, dont la moitié aux États-Unis. L’Institut de virologie de Wuhan possède par ailleurs la plus grande collection de souches de virus en Asie, avec 1.500 spécimens différents.
Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus a probablement été transmis à l’homme depuis un animal. Un marché de la ville a été incriminé car il aurait vendu des animaux sauvages vivants.
par: Arab Observer