L’ONU révèle le scandale des pots-de-vin lors du dialogue politique libyen

Le processus interlibyen chapeauté par l’ONU qui doit permettre de désigner un gouvernement de transition a été entaché de faits de corruption, d’après des experts de l’ONU, qui évoquent le versement de pots-de-vin à au moins trois participants.

Un participant à ce Forum ayant requis l’anonymat a affirmé à l’AFP avoir été témoin de la scène. Il s’est dit indigné d’une « corruption inacceptable au moment où la Libye traverse une crise majeure ». Ce Forum (FDPL) a été lancé en novembre dernier à Tunis sous les auspices de l’ONU dans l’optique de mettre sur pied un exécutif unifié, et sortir ainsi la Libye d’une décennie de chaos.

D’après un extrait obtenu par l’AFP du rapport final du Comité des experts de l’ONU chargés de l’embargo sur les armes et des sanctions pour la Libye, deux membres du Forum du dialogue politique (FDPL) ont « offert des pots-de-vin de 150.000 à 200.000 dollars à au moins trois participants en échange d’un engagement à voter pour Abdel Hamid Dbeibah comme Premier ministre ».

L’un d’eux a « éclaté de colère dans le hall d’un hôtel à Tunis en apprenant que certains participants auraient pu recevoir jusqu’à 400.000 à 500.000 dollars pour leurs votes en faveur de Dbeibah alors qu’il n’avait reçu que 200.000 dollars », est-il précisé dans l’annexe 13 de ce rapport encore confidentiel qui doit être remis formellement aux 15 membres du Conseil de sécurité d’ici la mi-mars.

Ces accusations pourraient remettre en question l’élection de Dbeibah. Sa liste avait obtenu, le 5 février, 39 voix contre 34 à la liste adverse, donnée pourtant favorite.

Les participants avaient trouvé un accord pour la tenue d’élections présidentielle et législatives fin 2021, mais pas sur les critères de sélection du futur exécutif unifié. Début février, les 75 participants du Forum ont finalement désigné une autorité intérimaire composée du Premier ministre milliardaire Abdel Hamid Dbeibah et d’un Conseil présidentiel de trois membres. M. Dbeibah doit désormais obtenir la confiance du Parlement élu pour son gouvernement avant le 19 mars.

En novembre, des organisations libyennes avaient appelé à enquêter sur des « allégations de corruption » visant, selon elles, à influencer le processus de sélection des futurs responsables. Un groupe d’experts des Nations unies avait alors été saisi. « Dès que nous aurons des informations sur ces allégations, vous serez les premiers informés », avait promis l’ancienne émissaire par intérim de l’ONU en Libye Stephanie Williams en s’adressant aux participants du dialogue politique.

Des rumeurs couraient depuis des mois sur de possibles cas de corruption. Fin novembre, Stephanie Williams, la cheffe adjoint de la mission à cette époque, avait assuré devant les journalistes qu’une enquête avait été lancée et que les conclusions seraient rapides. Visiblement, elles ne l’ont pas été assez.

par: Arab Observer

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