L’ONU envoie un haut responsable au Soudan
L’ONU a décidé, d’envoyer « immédiatement » un haut responsable au Soudan, face à la persistance des combats à Khartoum et malgré la prolongation d’une trêve – certes peu respectée.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a par ailleurs annoncé lundi reprendre ses opérations au Soudan. Il avait décidé le 16 avril de suspendre provisoirement ses activités après la mort de trois de ses employés lors de violents affrontements.
« L’échelle et la vitesse à laquelle se déroulent les événements au Soudan (sont) sans précédent », a estimé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui a décidé d’envoyer aussitôt dans la région son responsable pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths.
« Je suis en route (…) afin d’étudier comment nous pouvons apporter une aide immédiate » aux habitants, a déclaré dimanche dans un communiqué Martin Griffiths, pour qui la « situation humanitaire atteint un point de rupture » dans le pays.
Le pillage massif des bureaux et des entrepôts humanitaires a « épuisé la plupart de nos stocks. Nous cherchons des moyens rapides pour acheminer et distribuer » des provisions supplémentaires, a expliqué le haut responsable onusien, selon qui la « solution évidente » est de « cesser le combat ».
Des millions de Soudanais restent pris au piège des bombardements et des tirs depuis le déclenchement, le 15 avril, d’une impitoyable guerre de pouvoir entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et son numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires redoutés.
Quelques heures avant l’expiration dimanche à minuit (22 h GMT) d’un cessez-le-feu de trois jours, les deux rivaux ont annoncé sa prolongation, conclue « sous médiation des États-Unis et de l’Arabie saoudite », a précisé l’armée soudanaise.
La guerre a fait 528 morts et 4 599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués. Les deux camps s’accusent mutuellement de violer la trêve.
Dimanche soir, les combats se sont poursuivis et les avions de chasse ont continué de survoler Khartoum et Omdourman, sa banlieue nord, selon des témoins sur place. « Il y a de très violents combats et des coups de feu », a rapporté un témoin.
Alors que les combats font rage depuis plus de deux semaines, les habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre malgré les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité. Les autorités de Khartoum ont donné « congé jusqu’à nouvel ordre » aux fonctionnaires de la capitale, tandis que la police assure se déployer dans la ville pour prévenir les pillages.
L’ONU recense 75 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays. Au moins 20 000 ont fui vers le Tchad, 6 000 vers la Centrafrique et des milliers d’autres vers le Soudan du Sud et l’Éthiopie. Au total, jusqu’à 270 000 personnes pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 États de ce pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde.
Plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne et les États-Unis, ont évacué leurs ressortissants et d’autres étrangers. Le Canada a, toutefois, mis fin à ses évacuations « en raison des conditions dangereuses ».
Sur le front diplomatique, le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane a reçu dimanche un émissaire du général Burhane. L’Égypte voisine a, elle, appelé à une réunion de la Ligue arabe lundi pour « discuter du Soudan ».