L’ONU: Mission pour enquêter sur les violations des droits de l’homme au Venezuela
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a décidé vendredi de créer un groupe d’experts chargés d’enquêter sur les violations des droits humains commises au Venezuela depuis 2014.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a décidé vendredi de créer un groupe d’experts chargés d’enquêter sur les violations des droits humains commises au Venezuela depuis 2014, une initiative que Caracas a qualifiée d’« hostile ».
Une résolution en ce sens, proposée notamment par des pays du Groupe de Lima (composé de pays latino-américains et du Canada) et soutenue despar l’Union européenne, a été adoptée par le Conseil à Genève (Suisse) par 19 voix pour, sept contre et 21 abstentions, dont le Mexique et l’Uruguay.
Cette décision intervient alors que le Venezuela a réussi de son côté jeudi à faire adopter une autre résolution par le Conseil sur le « renforcement de la coopération » dans le domaine des droits humains avec le bureau de la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet.
Le Haut-Commissariat a d’ailleurs annoncé pour sa part mardi la signature d’un accord avec le gouvernement vénézuélien visant justement à accroître la coopération en matière de droits humains, avec pour objectif notamment d’ouvrir un bureau permanent sur place. En attendant, le Venezuela a accepté la « présence continue » de deux responsables du Haut-Commissariat.
Michelle Bachelet, qui a déploré la persistance de la torture et des disparitions forcées au Venezuela, n’a d’ailleurs jamais demandé une enquête, contrairement à son prédécesseur Zeid Ra’ad al Hussein.
La résolution adoptée vendredi, saluée par l’ONG Human Rights Watch, demande que la « mission internationale indépendante d’établissement des faits » soit « déployée d’urgence » au Venezuela.
Elle devra enquêter « sur les cas d’exécution extrajudiciaire, de disparition forcée, de détention arbitraire et de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants survenus depuis 2014, afin que les auteurs répondent pleinement de leurs actes et que justice soit rendue aux victimes ».
L’ambassadeur vénézuélien auprès de l’Onu, Jorge Valero, a dénoncé une « initiative hostile » et averti, avant le vote, que son pays n’entendait pas coopérer avec cette mission, soulignant que Caracas avait mis sur pied une « coopération technique » avec la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme.
« L’imposition de mécanismes de surveillance supplémentaires ne comptera jamais sur le consentement de mon pays », a-t-il dit. Le diplomate vénézuélien a par ailleurs affirmé que la résolution « pouvait également avoir une incidence négative sur les processus de dialogue qui se développent entre les principaux acteurs politiques du pays ».
Le Venezuela n’est pas le premier pays qui refuse de coopérer avec des mécanismes d’enquête de l’Onu. La Syrie, la Birmanie et la Corée du Nord en font de même. Dans ces cas, les enquêteurs effectuent leurs missions depuis l’étranger, en interrogeant notamment des réfugiés.
Les enquêteurs devront présenter un rapport sur les résultats de leurs travaux au cours de la 45e session du Conseil, en septembre 2020.
L’ambassadeur britannique, Julian Braithwaite, a souligné qu’il s’agissait d’une résolution « proportionnée et nécessaire » face aux abus commis par le « régime de Maduro ». S’exprimant au nom de l’Union européenne, Morten Jespersen a expliqué que « la gravité des violations des droits humains, le démantèlement des institutions démocratiques doivent être abordées de manière urgente ».
Apportant son soutien à la résolution, il a par ailleurs souligné que « la seule solution durable est une solution pacifique, démocratique qui devrait déboucher sur des élections présidentielles crédibles ». Le Venezuela traverse depuis des mois une profonde crise politique, avec la lutte entre le président Nicolas Maduro et l’opposant Juan Guaido, qui s’est proclamé président par intérim et a été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont les États-Unis.
Le pays est aussi en proie à une grave crise économique, aggravée par un embargo pétrolier et des sanctions financières imposés par Washington pour tenter de chasser Nicolas Maduro du pouvoir, et souffre de pénuries de nourriture et de médicaments. Cette semaine encore, les États-Unis et l’Union européenne ont annoncé de nouvelles sanctions.