L’opposition turque choisit Kemal Kiliçdaroglu comme candidat à la présidentielle
Après avoir manqué d’imploser la semaine dernière, l’alliance de six partis de l’opposition turque a réussi à s’entendre, lundi 6 mars, sur le choix d’un candidat commun pour affronter le président sortant Tayyip Recep Erdogan à la présidentielle du 14 mai. Il s’agit de Kemal Kiliçdaroglu, le leader de sa principale formation.
« Kemal Kiliçdaroglu est notre candidat à la présidentielle », a déclaré Temel Karamollaoglu, leader du Parti de la Félicité, face à une foule rassemblée devant le siège de sa formation à Ankara, où se sont réunis lundi les dirigeants des six partis.
Les dirigeants des cinq autres partis de l’Alliance, dont Kemal Kiliçdaroglu, se trouvaient à ses côtés au moment de l’annonce.
Kemal Kiliçdaroglu, à la tête du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) depuis 2010, a promis un retour au jeu démocratique s’il est élu en mai.
« Nous établirons tous ensemble le pouvoir de la morale et de la justice », a déclaré Kemal Kiliçdaroglu dans la foulée de l’annonce. « Nous, en tant qu’Alliance de la nation, dirigerons la Turquie sur la base de la consultation et du compromis », a-t-il ajouté. « La loi et la justice prévaudront ».
La coalition, baptisée « Alliance de la nation », avait manqué d’imploser vendredi, à dix semaines seulement du scrutin.
La présidente du Bon Parti (nationaliste), deuxième plus importante formation de la coalition, s’était opposée avec véhémence à la candidature de Kemal Kiliçdaroglu, enjoignant les populaires maires CHP d’Istanbul et d’Ankara, Ekrem Imamoglu et Mansur Yavas, à se présenter à sa place – ce qu’ils ont décliné.
Après avoir rencontré les deux maires puis Kemal Kiliçdaroglu à Ankara lundi, la cheffe du Bon Parti, Meral Aksener, a finalement repris sa place à la table de l’Alliance.
Pour une partie des soutiens de l’opposition, Kemal Kiliçdaroglu, ancien haut fonctionnaire de 74 ans, issu de la minorité alévie, souffre d’un manque de charisme face au chef de l’État sortant, candidat à sa succession.
Mais Tayyip Recep Erdogan, dont la popularité a souffert de la crise économique que la Turquie continue de traverser, devra répondre devant les électeurs de la lenteur des secours dans les heures qui ont suivi le tremblement de terre du 6 février.
Selon les sondages, la présidentielle du 14 mai s’annonce comme son scrutin le plus périlleux depuis 2003, année de son arrivée au pouvoir en tant que Premier ministre.
Le parti de gauche prokurde HDP, qui voit d’un bon œil la désignation de Kemal Kiliçdaroglu, pourrait ne pas investir de candidat cette année afin de favoriser l’alliance de l’opposition, selon des médias turcs.
Le HDP, troisième formation au Parlement, avait réuni 12 % des suffrages aux dernières législatives, et son candidat, emprisonné, avait recueilli 8,4 % des voix à la présidentielle de 2018.
Les élections présidentielle et législatives ont été maintenues à la date prévue, malgré le séisme du 6 février qui a fait plus de 46 000 morts et dévasté des zones entières du sud et sud-est du pays.
Il reste désormais moins de dix semaines à l’opposition turque pour imposer son programme et faire campagne à travers le pays.
par: Arab Observer