L’opposition turque se prépare à battre Erdogan
En vue du double scrutin électoral prévu en mai, l’opposition au président Erdogan s’est divisée en deux coalitions, dont la principale ne parvient toujours pas à se mettre d’accord sur un candidat et un programme commun.
A quatre mois de l’élection présidentielle, prévue le 14 mai, la coalition de six partis n’a toujours pas trouvé son candidat.
En parallèle, Recep Tayyip Erdogan remonte légèrement dans les sondages, après une série de décisions économiques populistes prises en début d’année.
Les élections présidentielle et parlementaires turques se tiendront finalement le 14 mai 2023, a annoncé mercredi 18 janvier le président Recep Tayyip Erdogan. Mis à mal dans les sondages, le leader islamo-nationaliste espère pouvoir inverser la tendance d’ici à cette échéance cruciale.
En avançant d’un mois la date des élections initialement prévues en juin, le président turc espère surfer sur son léger regain de popularité après les augmentations des salaires et des pensions du début de l’année.En avançant d’un mois la date des élections initialement prévues en juin, le président turc espère surfer sur son léger regain de popularité après les augmentations des salaires et des pensions du début de l’année.
En théorie, la constitution du pays n’autorise que deux mandats présidentiels consécutifs. Cependant, elle prévoit une dérogation « si le Parlement décide de renouveler les élections lors du second mandat du président ». Afin d’appeler à un scrutin anticipé, « une majorité aux trois cinquièmes du Parlement est requise, c’est-à-dire 360 voix sur 600 », rappelle le journal le Monde.
Pour faire valider ce changement, Recep Tayyip Erdogan devra donc trouver le soutien d’au moins 25 élus de l’opposition, l’AKP et le Parti d’action nationaliste, la coalition au pouvoir, ne disposant que de 355 sièges. « Mais pour le moment Erdogan essaye de sous entendre qu’il ne s’agit pas d’une anticipation des élections mais d’un simple ajustement d’ordre administratif par rapport à un calendrier chargé », note Elise Massicard, chercheuse au CNRS et spécialiste de la Turquie, selon qui « rien n’est encore fait ».
L’opposition réunie au sein d’une plateforme baptisée « la table des Six », regroupant six formations politiques emmenées par le CHP (Parti républicain du peuple), tente de désigner un candidat unique, pour le moment, le camp de l’opposition n’arrive pas à faire émerger un accord. Avancer la date du scrutin est donc une manière de les prendre de court et de limiter leur marge de manœuvres dans ces négociations.
D’autant que le candidat le mieux placé de l’opposition, Ekrem İmamoglu, le maire d’Istanbul, n’est plus une option depuis sa condamnation en décembre à deux ans et demi de prison pour avoir « insulté » des responsables politiques. Ce dernier, qui a fait appel de sa condamnation, avait alors dénoncé « une affaire politique ».
Selon un sondage de l’institut Metropoll datant de fin décembre, publié par le quotidien Cumhuriyet, 50,7 % des personnes interrogées déclarent qu’elles ne voteraient pas pour Erdogan, tandis qu’elles ne seraient que 43 % à envisager de le soutenir.
Pour renverser la situation, le président turc peut compter sur un léger rebond de popularité provoqué par les importantes hausses du salaire minimum (de plus de 50 %), des pensions de retraite et des salaires des fonctionnaires annoncées pour la nouvelle année.
Il peut aussi profiter de l’accueil favorable dans l’opinion publique du durcissement de sa politique d’accueil envers les réfugiés syriens. Enfin, il dispose de leviers d’action pour mettre des bâtons dans les roues de l’opposition, comme il le fait déjà en menaçant d’emprisonnement le maire d’Istanbul.
par: Arab Observer