Lourdes peines de prison contre Rached Ghannouchi et d’autres

Des journalistes et plusieurs personnalités politiques tunisiennes, dont le plus célèbre des opposants au président Kaïs Saïed, Rached Ghannouchi, ont été condamnées mercredi 5 février à de lourdes peines de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat.

L’affaire est baptisée  Instalingo, du nom d’une société de production de contenu numérique qui fait l’objet d’une enquête depuis 2021. Elle est notamment accusée d’avoir comploté contre la sûreté de l’Etat.

M. Ghannouchi, 83 ans et chef du mouvement Ennahdha, a été condamné à vingt-deux ans de prison, ont annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) deux avocats. Condamné dans plusieurs autres affaires, il se trouve déjà derrière les barreaux.

L’ancien premier ministre, Hichem Mechichi, a lui été condamné par contumace à trente-cinq ans de prison, selon les mêmes sources. Les journalistes Chahrazed Akacha et Chadha Hadj Mbarek ont respectivement été condamnées à vingt-sept et cinq ans. Mme Akacha a été jugée par contumace.

Une cinquantaine de personnes étaient jugées, comme l’ancien porte-parole du ministère de l’intérieur, Mohammed-Ali Aroui, et un dirigeant d’Ennahda, Seyed Ferjani. M. Aroui a été condamné à seize ans de prison et M. Ferjani à treize ans. La fille de ce dernier, Kaouther Ferjani, a précisé à l’AFP depuis le Royaume-Uni que le verdict était un choc, même si elle s’attendait à une lourde peine.

Rached Ghannouchi a refusé de se présenter devant les juges en l’absence d’une justice indépendante, selon ses avocats. Il était d’ailleurs absent lors d’une audience mardi, a constaté une journaliste de l’AFP. En 2022, M. Ghannouchi avait estimé que le dossier judiciaire était vide et qu’il s’agissait d’une fausse affaire.

Mercredi, son fils Mouadh et sa fille Soumaya ainsi que son gendre Rafik Abdessalem, qui fut ministre des affaires étrangères, ont eux aussi été condamnés dans le cadre de cette affaire, respectivement à trente-cinq ans, vingt-cinq ans et trente-quatre ans de prison.

Le mouvement Ennahdha a, de son côté, dans un communiqué fustigé un procès politique. Il était la principale force au sein du Parlement lorsqu’il a été dissous par le président Kaïs Saïed, après qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.

Depuis ce coup de force, l’opposition et des ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et libertés en Tunisie. Le chef de l’Etat a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d’un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).

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