L’ouverture du sommet de l’UA sous le thème « Faire taire les armes »
Le sommet annuel de l’organisation panafricaine, qui a pour thème « Faire taire les armes », a ouvert ce dimanche matin sur un constat amer: l’échec de l’engagement pris par l’UA en 2013 de « mettre un terme à toutes les guerres en Afrique d’ici à 2020 ».
Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Union africaine (UA), réunis de dimanche à lundi à Addis Abeba, entendent peser davantage dans la médiation des nombreux conflits armés qui déchirent le continent, en dépit des échecs passés.
En amont du sommet, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, a d’ailleurs dressé un portrait peu flatteur de la situation du continent, du Sahel à la Somalie, estimant que le temps écoulé depuis 2013 a davantage permis de mettre en lumière « la complexité de la problématique sécuritaire en Afrique » que de résoudre les conflits.
Après plusieurs sommets lors desquels les réformes de l’UA – notamment son financement – et la mise en place de mesures telles que la Zone de libre-échange continentale ont occupé le devant de la scène, les débats se concentreront sur les conflits dont l’Afrique est le théâtre, Libye et Soudan du Sud en tête.
Les problématiques sont diverses, allant du terrorisme aux contestations post-électorales, et les conflits sont nombreux: si des progrès ont été enregistrés dernièrement en Centrafrique ou au Soudan, de nouvelles crises sont nées, du Cameroun au Mozambique.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui prendra la tête de l’UA pour un an dimanche, succédant à l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, a reconnu fin janvier l’ampleur de la tâche qui attend l’UA, rappelant que les conflits continuent de « limiter » le développement de l’Afrique.
Pour M. Faki, il s’agit désormais de « nous questionner sur les causes profondes » des conflits, et y apporter « des solutions innovantes qui relativisent la solution militaire en l’assortissant de mesures relevant d’autres registres, notamment le développement ».
Pour Naledi Pandor, chef de la diplomatie sud-africaine, l’UA « doit être plus proactive » dans sa réponse aux conflits, au lieu de laisser cette tâche à des acteurs extérieurs. « Nous devons réagir plus vite », a-t-elle dit.
Mais entre les dissensions internes et le financement insuffisant des missions de maintien de la paix, l’UA aura fort à faire pour devenir un acteur de poids dans la résolution des conflits.
Une des priorités de l’UA est d’occuper une place plus importante dans le processus de négociations dans la crise en Libye, un dossier géré principalement par l’ONU et dans lequel l’UA s’est récemment plainte d’avoir été, selon une porte-parole de M. Faki, « systématiquement (…) ignorée ».
Mais il faudra pour cela parvenir à dépasser des dissensions internes – selon plusieurs sources, l’Egypte, un poids lourd du continent et alliée du maréchal Haftar, ne souhaite pas que l’UA se charge de ce dossier – et convaincre les Européens, très actifs en raison de la proximité géographique du conflit, de lui laisser cette place.
Samedi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, présent à Addis Abeba, a déclaré comprendre la « frustration » de l’UA, jusqu’à présent « mise à l’écart » dans le dossier libyen, et s’est dit favorable à un rôle plus important pour l’organisation panafricaine.
Il a à cet égard promis de soutenir l’initiative d’un forum de réconciliation prise fin janvier lors d’un sommet organisé par le comité de l’UA sur la Libye au Congo-Brazzaville.
Selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), l’UA devrait inclure dans ses priorités la finalisation d’un accord avec l’ONU afin que celle-ci finance à hauteur de 75% ses missions de maintien de la paix approuvées par le Conseil de sécurité de l’ONU.
« L’UA a la volonté et la capacité de monter le genre de missions de contre-terrorisme et de maintien de la paix régulièrement nécessaires pour aider à stabiliser des pays africains », a noté l’ICG dans un rapport publié vendredi.
« Mais elle ne dispose pas des ressources financières nécessaires pour fournir un soutien stable et prévisible – quelque chose que l’ONU peut offrir », conclut le think tank.