L’UE détermine les conditions de la relation avec les talibans
« Nous devons parler avec le nouveau gouvernement afghan (Talibans), ce qui ne signifie pas une reconnaissance, c’est un dialogue opérationnel », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors d’une conférence de presse à l’occasion d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE en Slovénie.
« Ce dialogue opérationnel s’intensifiera en fonction du comportement de ce gouvernement », a-t-il ajouté. Il a exposé une série de conditions, alors que le nouveau gouvernement à Kaboul doit être dévoilé par les talibans au plus tôt ce samedi.
Les Européens posent notamment comme conditions que l’Afghanistan ne serve pas de base arrière au terrorisme, le respect des droits humains, notamment ceux des femmes, la liberté de la presse, un gouvernement « inclusif et représentatif » et un accès sans entrave pour l’aide humanitaire, que l’UE envisage d’augmenter.
Josep Borrell a ajouté que les talibans devaient respecter leur engagement à permettre aux ressortissants étrangers et aux Afghans en danger de quitter le pays, après la fin des opérations d’évacuation dirigées par les Etats-Unis fin août.
Il a indiqué que les 27 avaient décidé de « coordonner (leurs) contacts avec les talibans, y compris via une présence à Kaboul (…) si les conditions de sécurité le permettent ». Si la sécurité n’est pas assurée, « nous irons à Doha », a ajouté l’Espagnol.
Mais « nous n’allons pas rouvrir une délégation avec un chef de délégation comme si rien ne s’était passé », a-t-il précisé.
« Pour nous, ces conditions ne sont pas négociables », a commenté le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.
« Nous ne voulons pas juger les talibans et le gouvernement sur leurs paroles mais sur leurs actes », a poursuivi le ministre allemand, ajoutant que le dégel de l’aide au développement en dépendrait.
Heiko Maas a indiqué que les pays de l’UE auraient besoin de « garanties sur la sécurité » avant le retour de diplomates.
Mais l’UE redoute qu’une absence diplomatique européenne ne laisse le champ libre à des puissances comme la Russie, la Chine, l’Iran, le Pakistan ou encore le Qatar, qui ont gardé leurs ambassades ouvertes.
L’UE souhaite éviter un afflux migratoire sur son sol comme en 2015, ce qui ne s’est toutefois pas produit jusqu’à présent. Le Pakistan et l’Iran accueillent les plus gros contingents de réfugiés afghans.
Mardi, à l’occasion d’une réunion de leurs ministres de l’Intérieur, les Vingt-Sept s’étaient engagés à soutenir les pays de la région dans l’accueil des réfugiés fuyant les talibans.
par: Arab Observer