L’une des pires crises d’inflation au monde frappe l’économie en Turquie
L’inflation en Turquie a atteint 78,62 % en juin, selon l’Institut statistique du pays. Celui-ci tente d’endiguer l’hémorragie en augmentant le salaire minimum, mais les analystes estiment que cela pourrait aggraver la crise.
Le spectre de l’inflation surgit partout dans le monde ces jours-ci, mais la Turquie est particulièrement frappée depuis un certain temps déjà. Depuis 2017, le pays connaît un taux d’inflation quasi ininterrompu de plus de 10 %. Après avoir fluctué entre 10 et 20 % pendant des années, ce taux a toutefois grimpé en flèche au cours des derniers mois.
Ce dernier chiffre bat un triste record, l’inflation turque n’a jamais été aussi élevée depuis 1998. Une situation lourde de conséquences pour la population turque : le prix des transports a augmenté d’environ 123 % en un an, tandis que les denrées alimentaires sont devenues 94 % plus chères. Les prix de l’énergie dans le pays ont même augmenté de 151,3 %, selon Bloomberg.
La livre turque a chuté de 1% face au dollar pour enregistrer 17,2 à 08h07 GMT, continuant de réduire les gains enregistrés lundi dernier, lorsqu’elle avait atteint 16,03 contre le dollar.
Selon les données du Fonds monétaire international (FMI), la Turquie est désormais le quatrième pays à l’inflation la plus élevée au monde. Seuls le Venezuela, le Soudan et le Zimbabwe sont dans une situation encore pire.
Ce qui est particulièrement frappant dans cette situation, c’est que la banque centrale de Turquie refuse de relever les taux d’intérêt. Cette mesure est traditionnellement considérée comme l’un des outils les plus importants pour freiner une hausse de l’inflation.
Au lieu de cela, la Turquie, sous la direction de son président Recep Tayyip Erdogan, mène une expérience bizarre, apparemment fondée sur des préceptes islamiques. Le dirigeant turc estime que ce n’est pas la hausse mais la baisse des taux d’intérêt qui résoudra la crise financière.
En fait, la croyance en des taux d’intérêt bas est si profondément ancrée dans la tête du président turc qu’il qualifie « d’analphabètes et de traîtres » tous ceux qui établissent un lien entre les taux d’intérêt et l’inflation. Il ne semble pas non plus accepter que la crise de l’inflation soit aussi grave que les chiffres l’indiquent. En janvier, il a limogé le directeur du bureau des statistiques turc après que les chiffres aient montré que l’inflation avait atteint 36 %.
La livre turque a perdu 23% de sa valeur cette année, s’ajoutant à une perte de 44% l’année dernière causée par une série de baisses de taux d’intérêt par la Banque centrale, encouragées par le président turc Recep Tayyip Erdogan, malgré l’augmentation de l’inflation et approchant 79% en juin.
par: Arab Observer