L’Union européenne a salué l’accord de cessez-le-feu en Syrie
L’Union européenne a salué vendredi l’accord de cessez-le-feu russo-turc dans le nord-ouest de la Syrie qui a commencé à minuit ce vendredi 6 mars, comme un « signe de bonne volonté » et annoncé une aide humanitaire de 60 millions d’euros pour la région.
« Bien sûr je me réjouis du cessez-le-feu, c’est une bonne nouvelle. Au moins, c’est un signe de bonne volonté, voyons maintenant comment ça marche », a déclaré le chef de la diplomatie Josep Borrell à son arrivée à une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Zagreb.
Ce cessez-le-feu est une « condition préalable pour apporter plus d’aide humanitaire à la population d’Idleb », a-t-il souligné, estimant que l’UE devait « concentrer nos (ses) efforts sur l’aspect humanitaire ».
Les ministres ont demandé à la Russie et à la Turquie de faire en sorte que le cessez-le-feu soit « immédiat et durable » et annoncé « la mobilisation d’une aide humanitaire additionnelle de 60 millions d’euros pour le nord-ouest de la Syrie ».
L’UE demande également à Moscou et Ankara de « garantir la protection des civils au sol et dans les airs » avec l’arrêt des bombardements en soutien de l’offensive lancée par le régime syrien dans la région. Elle réclame enfin la possibilité de faire acheminer « sans entraves » l’aide humanitaire.
Le régime syrien, appuyé par Moscou, mène depuis décembre une offensive pour reprendre la province d’Idleb, ultime bastion de rebelles pro-turcs et de jihadistes dans le nord-ouest de la Syrie.
« Les attaques aveugles et la destruction des infrastructures civiles, y compris les installations sanitaires, les écoles et les camps de personnes déplacées, par le régime syrien et ses alliés ne peuvent en aucun cas être justifiées et doivent cesser », affirment les ministres de l’UE dans leur déclaration.
Dans sa déclaration, Josep Borrell a aussi rappelé à Ankara ses obligations vis-à-vis des migrants et des réfugiés accueillis sur son territoire.
« L’UE rejette fermement l’utilisation par la Turquie de la pression migratoire à des fins politiques. Cette situation à la frontière extérieure de l’UE n’est pas acceptable », affirme la déclaration.
« Les migrants ne doivent pas être encouragés à tenter de franchir illégalement les frontières par voie terrestre ou maritime », insiste le texte qui reprend les termes de celui adopté mercredi par les ministres de l’Intérieur de l’UE.
« Le Conseil rappelle qu’il attend de la Turquie qu’elle mette pleinement en œuvre les dispositions de la déclaration conjointe de 2016 à l’égard de tous les États membres ». L’accord prévoit en contrepartie un soutien financier de 6 milliards d’euros pour financer les programmes mis en œuvre par les ONG en faveur des réfugiés syriens en Turquie.
La Commission européenne prépare par ailleurs une nouvelle aide additionnelle de 500 millions d’euros pour les réfugiés syriens en Turquie et plusieurs autres mesures afin d’apaiser les tensions avec Ankara.
Josep Borrell a appelé vendredi les migrants et les réfugiés poussés à quitter la Turquie à ne pas se rendre à la frontière avec la Grèce « car elle n’est pas ouverte », contrairement à ce qui leur est dit. « Si quelqu’un vous dit que vous pouvez y aller parce que la frontière est ouverte et que vous pouvez aller librement en Grèce ou à Chypre, ce n’est pas vrai », a martelé Josep Borrell.
Plusieurs milliers de réfugiés et de migrants ont afflué à la frontière après l’annonce le 28 février par le président turc Recep Tayyip Erdogan de l’ouverture de ses frontières vers l’UE. Une frontière qui leur était fermée depuis 2016.
L’afflux a réveillé en Europe le souvenir de la crise migratoire de 2015. La Grèce a bloqué sa frontière et demandé à ses partenaires de l’UE de lui venir en aide.
La police grecque a utilisé vendredi des gaz lacrymogènes pour repousser les migrants qui ont tenté de passer et lancé des pierres.