Macron dénonce les crimes inexcusables contre les Algériens en 1961

Le président de la République a fait samedi un pas de plus que son prédécesseur, François Hollande, dans la reconnaissance du massacre des manifestants algériens survenu le 17 octobre 1961 à Paris, lors d’une cérémonie organisée au pont de Bezons, en banlieue parisienne. « Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », a déclaré Emmanuel Macron dans un communiqué.

Des militants ont regretté samedi à Paris que le président Emmanuel Macron, qui a dénoncé des « crimes inexcusables », ait « joué sur les mots » sans réellement reconnaître, comme ils le demandent, un « crime d’Etat ».

Le chef de l’Etat « a reconnu les faits: les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », a indiqué un communiqué de l’Elysée.

Les propos de l’Elysée sont « une avancée mais c’est encore partiel. On espérait plus. Papon n’a pas agi seul. On a torturé, on a massacré au coeur de Paris et là-haut, ils étaient au courant », a réagi pour sa part Mimouna Hadjam, porte-parole de l’association Africa93 qui revendique elle aussi la « reconnaissance d’un crime d’Etat ».

Le 17 octobre 1961, quelque 30.000 Algériens avaient manifesté pacifiquement à l’appel du FLN contre un décret du 5 octobre. Le préfet de police Maurice Papon y conseillait « de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler » dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne après 20H30.

Dix mille policiers et gendarmes avaient été déployés. La répression fut sanglante avec plusieurs manifestants tués par balle dont les corps furent pour certains jetés dans la Seine. Le nombre de morts est estimé par les historiens à au moins plusieurs dizaines, le bilan officiel n’en dénombrant que trois et 11.000 interpellés.

Cette page sanglante de la Guerre d’Algérie, survenue moins de six mois avant les accords d’Evian qui devaient mettre fin au conflit, est longtemps restée taboue dans l’Hexagone.

Or, comme l’a souligné samedi Alice Cherki, psychanalyste et ancienne militante indépendantiste, « les silences de l’Histoire ont des conséquences psychologiques terribles sur les générations qui suivent, le silence des familles mais aussi les silences juridiques, politiques ».

De son côté, Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, a souligné auprès de l’AFP « des avancées bienvenues » tout en regrettant « la frilosité d’Emmanuel Macron » et sa « politique des petits pas ».

« Le chef de l’Etat va plus loin que Hollande dans la précision des faits mais sans nommer le colonialisme » et par aileurs le « crime est réduit à la responsabilité de Maurice Papon. Il n’était pas un Etat dans l’Etat », estime le dirigeant associatif, « il y avait bien un chef du gouvernement et un chef de l’État qui décidaient qui était préfet de police. Papon est resté en poste jusqu’en 1967 », a rappellé M. Sopo.

par: Arab Observer

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