Macron doute d’un accord global entre l’UE et le Royaume-Uni cette année
Emmanuel Macron a mis en doute la possibilité d’un “accord global d’ici la fin de l’année” entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, évoquant notamment les tractations tendues sur la pêche, samedi au terme d’une visite de près de treize heures au Salon de l’Agriculture.
Interpellé lors de sa déambulation sur moult sujets brûlants, le chef de l’État a conclu sa visite par une rencontre avec des représentants des pêcheurs français, inquiets que le Brexit les prive d’une large part de leur gagne-pain.
“Je ne suis pas sûr qu’on aura un accord global d’ici la fin de l’année. De toute façon, ça va se tendre car ils (les Britanniques) sont très durs”. Le Premier ministre “Boris Johnson a une carte en main, c’est la pêche, et avec ça, il va essayer d’obtenir l’accès au marché” européen, a déclaré Emmanuel Macron.
“Ce qu’on a obtenu, c’est que la pêche ne soit pas sortie du mandat, mais on aura une pression” de la part des Britanniques. “En juin, ça va se tendre, il faudra tenir vos troupes, si vous sentez qu’il y a de l’incompréhension, on viendra s’expliquer sur place”, leur a-t-il dit.
Le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE le 31 janvier, entrant dans une période de transition qui doit durer jusqu’à fin 2020. Les deux parties ont prévu dans ce laps de temps de négocier un accord de libre-échange.
Britanniques et Européens doivent définir un accord sur la pêche réglementant l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques et vice-versa, au 30 juin pour une application au 1er janvier 2021.
“Macron a dit on aura un accord partiel, parce que tous les sujets ne pourront pas être traités, mais sur la pêche ce sera traité”, a rapporté un participant à l’issue de la rencontre avec les pêcheurs.
Le négociateur en chef européen Michel Barnier a prévenu qu’un accord sur la pêche serait “non dissociable” de l’accord de commerce qui doit être négocié. Londres a pour sa part souligné que “reprendre le contrôle” des eaux poissonneuses du Royaume-Uni était de première importance, et qu’elles devraient être accessibles d’abord aux “bateaux britanniques”.
Or les pêcheurs de huit États membres de l’UE sont fortement dépendants des eaux britanniques. Ces dernières représentent notamment 30% du chiffre d’affaires des pêcheurs français.
La flotte de pêche britannique n’a en revanche pas la capacité de couvrir la totalité des quantités prises par les bateaux européens. En outre, les Britanniques ont besoin du marché européen pour leurs produits de la mer: l’UE est la destination de 70% de leurs exportations.