Manifestations en Iran : pris en étau, Rohani tente de garder la main
Menacé à l’intérieur par les conservateurs, piqué à l’extérieur par Donald Trump, le président iranien Hassan Rohani joue gros, alors que la République islamique connaît une vague de manifestations depuis le 28 décembre.
Le défi est de taille pour le président iranien Hassan Rohani, à l’heure où le mouvement de colère sociale contre un système jugé injuste a déjà fait 21 morts dans le pays depuis le 28 décembre.
Le président doit en effet mettre fin à cette contestation en répondant aux revendications sociales d’une frange de la population iranienne, sans tomber dans l’hystérie punitive. Il s’agit en effet d’éviter le bain de sang de 2009, qui avait fait suite aux mouvements contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence. Le tout, sans se faire déborder par les conservateurs qui rêvent de revenir au pouvoir, ni donner du grain à moudre au président américain Donald Trump, qui s’est empressé de décocher une série de tweets contre la République islamique.
Rohani “joue gros”
“Le président Rohani est dans une position délicate, voire sur la corde raide tant il joue gros, résume Bruno Daroux, spécialiste des questions internationales au sein de la rédaction de France 24. Il est pris en étau entre ses opposants internes, l’aile dure des conservateurs, dont on murmure qu’ils seraient à l’origine des toutes premières manifestations, et ses ennemis de l’extérieur, dont le premier d’entre eux, le président Donald Trump.”
Mais à ce stade, malgré certains slogans qui lui sont hostiles, “il n’y a pas de demande de changement de régime de la part des manifestants, mais l’exigence d’une amélioration du système actuel”, explique Bruno Daroux.
Si les forces de l’ordre ont été déployées dans tout le pays, et en particulier à Téhéran, où il y avait ces derniers jours plus de policiers que de manifestants, “Rohani se garde de faire intervenir les piliers de l’appareil répressif du régime que sont les Gardiens de la révolution et les bassidjis”, poursuit le journaliste. Ce sont ces milices islamistes du régime qui ont joué un rôle capital dans la répression de 2009.