Merkel est à Moscou pour des entretiens avec Poutine sur la Libye et Iran
La chancelière allemande Angela Merkel est attendue samedi à Moscou pour des pourparlers avec Vladimir Poutine centrés sur les tensions irano-américaines et la guerre en Libye, crises où Moscou jouit d’une influence conséquente.
Cette visite intervient alors que Téhéran a reconnu samedi dans une spectaculaire volte-face avoir abattu par erreur mercredi un avion de ligne ukrainien en faisant 176 morts, comme l’en accusaient plusieurs pays occidentaux dont les Etats-Unis. Un haut responsable russe a appelé l’Iran à « tirer les leçons » de la tragédie, tandis que le président ukrainien a exigé de punir les coupables et des compensations.
Mme Merkel est attendue dans l’après-midi dans la capitale russe, sa première visite en Russie depuis sa rencontre en mai 2018 à Sotchi avec le président russe.
Hormis le dossier iranien, les deux dirigeants devraient concentrer une partie de leurs discussions sur la Libye, où Moscou a appelé mercredi de concert avec Ankara à l’instauration d’un cessez-le-feu à partir de dimanche, bien que la Russie et la Turquie soutiennent des camps opposés.
Plongée dans le chaos depuis un soulèvement soutenu par l’Otan en 2011 qui a conduit à la mort du dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye est aujourd’hui déchirée par un conflit entre le gouvernement d’union nationale (GNA), soutenu par l’ONU et Ankara, et les forces rivales du maréchal Khalifa Haftar, que la Russie est accusée d’appuyer via des livraisons d’armes et l’envoi de mercenaires, bien qu’elle s’en défende.
Le maréchal Haftar a assuré jeudi que ses opérations militaires contre le GNA se poursuivraient malgré l’appel de Moscou et Ankara.
L’escalade des tensions est l’une des « raisons clés » de Merkel-Poutine, a confirmé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas. Berlin entend jouer un rôle de médiateur dans la crise, ne souhaitant pas voir le pays se transformer en « deuxième Syrie ».
Angela Merkel doit ainsi inviter à cette occasion Vladimir Poutine à une conférence sur la Libye organisée plus tard en janvier à Berlin, selon des sources diplomatiques interrogées par un journaliste.
Le Kremlin a de son côté indiqué que les pourparlers avec la chancelière allemande porteront également sur l' »escalade des tensions » au Moyen-Orient après l’assassinat par Washington du puissant général iranien Qassem Soleimani, suivi par des frappes iraniennes sur des bases abritant des soldats américains en Irak.
Vladimir Poutine, qui maintient des relations amicales avec l’Iran, avait estimé que la mort de Soleimani risquait d' »aggraver la situation » dans toute la région. Et Moscou comme Berlin ont appelé les deux pays à la « retenue ».
Ce dossier est d’autant plus brûlant que l’Iran a reconnu, après l’avoir fermement nié, avoir abattu par « erreur » un avion de ligne ukrainien. Téhéran a dit regretter « profondément » ce crash, tout en pointant la responsabilité de l' »aventurisme américain » dans ce drame.
le conflit en Ukraine, où une certaine détente se fait sentir depuis plusieurs mois, couronnée par une rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky en décembre à Paris, sous la médiation franco-allemande.
Cette rencontre, la première à ce niveau depuis 2016, a été suivie par un échange le 29 décembre de quelque 200 prisonniers entre Kiev et les séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine.
Le chef de la diplomatie ukrainienne Vadym Prystaïko a indiqué vendredi sur Twitter avoir discuté avec Heiko Maas en amont de la rencontre entre les dirigeants russe et allemand, et attendre désormais « les résultats de la rencontre Poutine-Merkel ».