Mondial de basket 2019: la suprématie américaine en danger face à l’Europe
Diminués et privés de leurs stars de la NBA, les Américains se présentent pour la Coupe du monde en Chine (du 31 août au 15 septembre) avec une équipe bien moins impressionnante, et même battue en match de préparation. Une aubaine pour les sélections européennes ? L’Espagne, la France, la Grèce, la Serbie et la Grèce nourrissent de grandes ambitions.
Cinq années d’attente. Le dernier Mondial masculin de basket, c’était en Espagne en 2014. D’habitude, il ne fallait attendre que quatre ans entre chaque édition, mais la Fédération Internationale de basket-ball a décidé, en 2012 d’organiser les 18es Championnats du monde en 2019 et non pas en 2018, avant d’éviter que l’événement soit en concurrence avec la Coupe du monde de football.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule nouveauté pour le grand rendez-vous international imminent en Chine. Contrairement aux éditions 2006, 2010 et 2014, il n’y a pas 24 mais 32 nations qualifiées (12 européennes, 7 américaines, 6 asiatiques, 5 africaines et 2 océaniennes). Ainsi, davantage d’équipes pourront concourir, et ainsi favoriser l’expansion de la pratique du basket dans leurs pays.
La Team USA sans stars et sans certitudes
S’il est bien un pays où il n’y a pas besoin d’aider au développement du basket, c’est bien celui de l’Oncle Sam. Les États-Unis ont inventé le basket et ils en sont les maîtres : champions du monde, champions olympiques, champions des Amériques chez les hommes, champions du monde et champions olympiques chez les dames… Mais ces messieurs sont moins fringants à l’heure de remettre leur titre mondial en jeu en Chine.
Les plus grandes stars de la NBA ont boudé le rendez-vous, préférant préparer au mieux la prochaine saison. Certaines, motivées, ont dû renoncer sur blessure : c’est le cas en particulier d’Anthony Davis et de James Harden. Et puis, aux États-Unis, le Mondial est moins bien perçu que les Jeux olympiques ; régner sur le monde, c’est bien, mais pas aussi important que de régner sur l’Olympe.
Et stupeur le 24 août : la Team USA a perdu, en match de préparation, face à l’Australie (98-94). Une équipe nationale des États-Unis qui s’incline avec une équipe pourtant composée de joueurs NBA, ce n’était plus arrivé depuis 2006. Les Américains conservent leur statut de favoris, mais il sera compliqué à assumer en Chine.
La Serbie, souvent argentée, goûterait bien enfin à l’or
Vice-championne du monde en 2014, vice-championne olympique en 2016, vice-championne d’Europe en titre (battue en 2017 par la Slovénie, absente de ce Mondial 2019), la Serbie représente la principale menace pour les États-Unis, et ce malgré une qualification compliquée à obtenir. Les 12 Serbes sont expérimentés (28 ans de moyenne d’âge) et la plupart jouent en NBA ou dans de grosses équipes d’Euroleague.
Et dans leurs rangs, il y a la superstar Nikola Jokic, beau pivot de 2,13m pour 113 kg. Il n’a que 24 ans, mais il est déjà l’égal du tennisman Novak Djokovic en termes de popularité dans son pays. En NBA, où il joue avec les Denver Nuggets, le Serbe compte parmi les joueurs les plus brillants. Ses compatriotes comptent sur lui pour porter la Serbie au sommet en Chine.
L’Espagne, un rang à tenir
L’Espagne se souvient. Avant que les États-Unis tapent du poing sur la table et se décident à tout donner pour remporter à nouveau la Coupe du monde en 2010, la Roja avait glané le titre en 2006 face à la Grèce, mettant fin à 24 ans de mano-à-mano USA/Yougoslavie (dernier champion du monde différent : l’URSS en 1982). A l’époque, Rudy Fernandez et les frères Pau et Marc Gasol en étaient. Quinze ans plus tard, Pau, le plus âgé des frères (39 ans), manque à l’appel, blessé. Mais Marc et Rudy Fernandez sont prêts à mener cette sélection espagnole toujours ambitieuse.
Avant que la Serbie ne se hisse plus haut, l’Espagne était l’une des rares équipes capable de regarder dans les yeux la Team USA. Elle reste aussi sur cinq podiums européens dont trois sacres et n’a l’intention de faire de la figuration.
Faire mieux que la dernière fois : en sport, ce crédo relève du pléonasme, mais pour les Bleus, c’est une obsession pour cette Coupe du monde 2019. En 2014, pour la première fois de leur histoire, les hommes de Vincent Collet étaient montés sur la troisième marche. Cinq ans plus tard, ils en redemandent, même sans leur ancien guide Tony Parker, retraité international depuis 2016 et retraité tout court depuis juin dernier.
Entretemps, il y a quand même eu cette gifle aux JO 2016 (élimination sans appel face à l’Espagne en quarts) et la grosse déception de l’Euro 2017 (élimination en huitièmes de finale face à l’Allemagne). Depuis, les Bleus ont travaillé leur défense, et pour le Mondial chinois, le sélectionneur Vincent Collet pourra compter sur ces rocs Nicolas Batum et Rudy Gobert, ce qui n’était pas le cas au dernier Euro. Certes, Thomas Heurtel et Adrien Moerman manquent à l’appel car blessés, mais la France est relativement épargnée à ce niveau par rapport aux autres grosses nations. Premier objectif : gérer le premier match à son programme contre l’Allemagne.
La Grèce compte sur Giannis Antetokounmpo
Ce serait faire injure aux Hellènes que de dire que sans Giannis Antetokounmpo, on ne songerait pas à eux. Sans lui et sans les joueurs évoluant en NBA, la sélection grecque s’est qualifiée pour le Mondial sans problème, ne concédant qu’une seule défaite pour 17 victoires sur toute la phase éliminatoires (seule la Lituanie a fait aussi fort). Mais il est sûr qu’avec le renfort du joyau d’origine nigériane, la Grèce peut rêver.
A 24 ans, l’ailier au physique monstrueux (2,11m, 110 kg) est le MVP (Most Valuable Player, meilleur joueur) de la saison 2018-2019 de NBA. Giannis Antetokounmpo, qui porte outre-Atlantique le maillot des Milwaukee Bucks, écrase tout sur son passage. Le Grec, qui peut compter en sélection et en club sur son grand frère Athanasios « Thanasis » Antetoukounmpo, a prévenu : « J’échangerais mon titre de MVP contre une médaille d’or en Chine ». Dans son sillage, les Grecs peuvent prétendre à quelque chose.