Moscou accuse Ankara de ne rien faire pour neutraliser les terroristes
L’escalade des violences dans la provincesyrienne rebelle d’Idleb est suivie d’une escalade verbale entre responsables turcs et russes.
La région d’Idleb au nord-ouest de la Syrie, qui fait théoriquement l’objet d’un accord russo-turc pour un cessez-le-feu, a pourtant vu la présence militaire turque se renforcer considérablement ces derniers jours. Cet argument de force intervient après la mort de 14 soldats turcs en une semaine suite à des bombardements des troupes de Bachar al-Assad, soutenues par Moscou.
Le porte-parole du Kremlin accuse Ankara de ne pas respecter les accords de Sotchi et de ne rien faire pour « neutraliser les terroristes ». Dmitri Peskov a ajouté que la Turquie avait « l’obligation de neutraliser les groupes terroristes » mais que « tous ces groupes bombardent les troupes syriennes et mènent des actions agressives contre les installations militaires russes ».
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé de « frapper le régime syrien partout » en cas de nouvelle attaque contre ses forces. Alors qu’il s’est efforcé depuis 2016 de développer des relations personnelles étroites avec le président russe Vladimir Poutine, Erdogan a adressé une rare critique à l’égard de Moscou.
« Le régime et les forces russes qui les soutiennent (…) attaquent sans arrêt les civils, commettent des massacres et versent le sang », a lancé le chef de l’Etat turc. Signe toutefois qu’Ankara souhaite maintenir le dialogue avec Moscou, le chef de la diplomatie turque a annoncé l’envoi dans les prochains jours d’une délégation en Russie pour essayer de trouver une solution à la crise d’Idleb.
D’autre part, la défense russe a indiqué que l’autoroute reliant Damas à Alep est complètement sous le contrôle des forces de l’armée syrienne soutenues par les frappes aériennes russes, qui ont fait des progrès dans leur opération pour reprendre la province aux factions malgré l’accord de cessez-le-feu conclu à Sotchi en 2018 entre la Turquie et la Russie, et malgré les avertissements d’Ankara et les avertissements d’attaques sans précédent.
Depuis décembre dernier, quelque 700 000 personnes ont été déplacées par une campagne militaire soutenue par la Russie par les forces du régime dans les zones de la province d’Idlib et de ses environs, où vivent plus de 3 millions de personnes.