Nikos Dendias rencontre son homologue égyptien et le maréchal Khalifa Haftar

Le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias s’est rendu dimanche au Caire après une visite-éclair dans l’est de la Libye, où il a rencontré le maréchal Khalifa Haftar, sur fond de tensions après la signature d’un accord maritime entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli.

Selon l’agence de presse grecque ANA, M. Dendias était en outre attendu en soirée à Larnaca (Chypre) pour des entretiens avec son homologue chypriote Nikos Christodoulidis.
Ce périple se déroule alors que le gouvernement libyen d’union (GNA), basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, a signé fin novembre deux accords controversés avec Ankara: l’un porte sur la coopération militaire que la Turquie pourrait apporter au GNA, et l’autre sur la délimitation maritime entre les deux pays.
Ce dernier accord a été condamné par Athènes qui y voit une « violation du droit maritime international et des droits souverains de la Grèce et d’autres pays », dont Chypre et l’Egypte.
Dans ce contexte, M. Dendias s’est rendu au quartier général du maréchal Khalifa Haftar avec lequel il a évoqué ces deux accords « dénués de fondement », et contraires au droit international, selon un communiqué du ministère grec des Affaires étrangères.
Il s’est entretenu auparavant à l’aéroport de Benghazi avec deux responsables des autorités parallèles de l’est de la Libye, un pouvoir rival de celui du GNA: le chef de ce gouvernement, Abdallah Al-Thini, et son ministre des Affaires étrangères, Abdulhadi Al-Houeij.
Puis M. Dendias a redécollé à bord de son avion pour Le Caire où il s’est entretenu avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, selon un responsable de l’aéroport du Caire.

Le gouvernement basé dans l’est libyen ne reconnait pas la légitimité de son rival, le GNA de Fayez al-Sarraj. Ce dernier fait face depuis avril à une offensive du maréchal Khalifa Haftar sur la capitale libyenne.
L’accord signé avec Ankara permet à la Turquie d’étendre ses frontières maritimes dans une zone de Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années.
Mais la Grèce a appelé le 10 décembre les Nations unies à condamner cet accord, qu’elle a qualifié de « perturbateur » pour la paix et la stabilité dans la région.
Dans une interview dimanche à l’hebdomadaire grec Real News, M. Dendias a cependant écarté que « la Turquie agisse de manière imprudente (…) car elle sera la seule perdante », selon lui.

Il a également noté que la Grèce est en négociations avec des pays voisins, comme l’Egypte et l’Italie, pour délimiter également les zones maritimes.
« La Grèce n’hésitera pas à défendre ses droits et intérêts souverains de quelque manière que ce soit, toujours dans le cadre de ses obligations constitutionnelles et du droit international », a-t-il encore affirmé.
L’accord de coopération militaire conclu entre Ankara et le GNA, qui fait figure de pendant de l’accord de délimitation maritime, ouvre la voie à une implication militaire turque accrue en Libye.
Les forces du maréchal Khalifa Haftar accusent déjà la Turquie de fournir des armes et des conseillers militaires à leurs rivales du GNA. En juin, elles avaient menacé de s’en prendre aux intérêts turcs en Libye.
Samedi soir, les forces pro-Haftar ont annoncé avoir saisi un cargo turc battant pavillon de la Grenade au large de l’est de la Libye, pour procéder à sa fouille.

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