Le Soudan décide de remettre Omar el-Béchir à la CPI

Le Soudan va remettre l’ancien autocrate Omar el-Béchir et deux autres dirigeants à la Cour pénale internationale (CPI) qui les recherchait depuis plus de dix ans pour « génocide » et crimes contre l’humanité lors du conflit meurtrier au Darfour.

Les deux autres pontes du régime qui seront remis à la CPI sont l’ex-gouverneur de l’Etat du Kordofan-Sud et ancien ministre, Ahmed Haroun, et l’ancien ministre de la Défense, Abdel Rahim Mohamed Hussein, recherchés pour les mêmes motifs. Arrêtés après la chute de M. Béchir, ils sont actuellement détenus au Soudan.

Le CPI a émis en 2007 un mandat d’arrêt contre M. Haroun, avec 42 chefs d’accusation, notamment meurtre, viol, torture, persécution et pillage.

« Le Conseil des ministres a décidé de remettre les personnes recherchées à la Cour pénale internationale », a déclaré mercredi la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam al-Mahdi, selon l’agence officielle Suna, lors d’une rencontre avec le nouveau procureur général du tribunal basé à La Haye (Pays-Bas), Karim Khan, en visite à Khartoum pour une semaine.

Fille de l’ancien Premier ministre Sadek al-Mahdi, renversé en 1989 par un coup d’Etat mené par M. Béchir, la ministre soudanaise a souligné mercredi « l’importance » de la coopération de son pays avec la CPI « pour obtenir justice pour les victimes de la guerre du Darfour ».

Elle n’a pas précisé la date de l’extradition des trois anciens dirigeants, qui doit être discutée entre le gouvernement et le Conseil souverain, plus haute instance chargée de la transition.

Le conflit au Darfour, région de l’ouest du pays, a opposé à partir de 2003 le régime à majorité arabe de M. Béchir et des rebelles issus de minorités ethniques s’estimant marginalisées. Il a fait environ 300.000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, en majorité durant les premières années, d’après les Nations unies.

Omar el-Béchir, 77 ans, a été renversé après trente ans d’un règne sans partage en avril 2019, par un mouvement populaire inédit déclenché quatre mois plus tôt par le triplement du prix du pain.

En février 2020, le pouvoir de transition militaro-civil mis en place après sa chute avait pris l’engagement verbal de favoriser sa comparution devant la CPI, qui a émis il y a plus de dix ans des mandats d’arrêt contre lui et d’autres figures de l’ancien régime, pour « crimes contre l’humanité », « crimes de guerre » et « génocide » au Darfour.

Un accord de paix historique signé en octobre 2020 entre le gouvernement de transition et plusieurs groupes rebelles insistait sur la nécessité d’une « coopération complète et illimitée » avec la CPI.

Le cabinet ministériel soudanais a voté la semaine dernière en faveur de la ratification du Statut de Rome de la CPI.

Le procureur général du Soudan, Moubarak Mahmoud, avait déclaré mardi, après une rencontre avec M. Khan, que son bureau était prêt à coopérer avec la CPI « dans tous les dossiers et particulièrement dans celui des victimes de la guerre au Darfour, afin de leur rendre justice ».

De nombreuses ONG, comme Amnesty International, avaient appelé à la comparution de M. Béchir.

par: Arab Observer 

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