L’opposition turque critique la décision de la Cour constitutionnelle contre le HDP
Faik Öztrak, porte-parole du Parti républicain du peuple (CHP), le plus grand parti d’opposition turque , a critiqué la décision de la Cour constitutionnelle d’accepter l’acte d’accusation contre le HDP dans le but de le fermer.
Cela s’est produit lors d’une conférence de presse tenue dans la capitale, Ankara, après la réunion du comité exécutif de son parti, selon le journal Cumhuriyet, et il a poursuivi que notre position est claire sur cette question, les partis politiques ne commettent pas de crimes.
Öztrak a ajouté que le procès déposé aujourd’hui avec des instructions pour fermer un parti politique nuit à la conscience de la nation qui est celle qui ouvre et ferme les partis politiques.
A son tour, Ali Babacan, l’ancien vice-Premier ministre turc et chef du parti d’opposition turque , le Parti pour la démocratie et le progrès turc (Deva), a déclaré que son parti était opposé à la fermeture des partis politiques dans le pays.
L’ancien chef du Parti turc de la justice et du développement au pouvoir a déclaré dans ses déclarations : Nous sommes contre la fermeture des partis politiques, et nous pensons que les directeurs et les membres des partis devraient toujours être tenus responsables devant la loi.
Il a ajouté, mais malheureusement, nous constatons que les questions politiques sont toujours sous l’influence du gouvernement et du chef du gouvernement, et le pouvoir judiciaire attend toujours le signal, car le crime est personnel et lié à des individus.
La plus haute cour de Turquie, la Cour constitutionnelle, a accepté, lundi, d’ouvrir un procès pour examiner une demande d’interdiction du principal parti prokurde d’opposition, à deux ans d’élections qui s’annoncent difficiles pour le président Recep Tayyip Erdogan.
Un procureur avait saisi la Cour constitutionnelle pour demander la fermeture du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième force politique au Parlement, arguant qu’il a des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de «terroriste» par Ankara.
Outre l’interdiction du parti, le procureur ayant saisi la Cour constitutionnelle a réclamé la saisie de ses avoirs et l’exclusion de 451 de ses membres de toute activité politique, une mesure destinée à empêcher le HDP de renaître sous une nouvelle étiquette. Le parti prokurde, qui rejette tout lien avec le «terrorisme», a qualifié la procédure le visant de «putsch politique» et accuse Recep Tayyip Erdogan de vouloir l’écarter de la prochaine élection présidentielle, en 2023.
Bête noire du président turc, le HDP fait l’objet d’une répression implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné en dépit des protestations européennes. Recep Tayyip Erdogan accuse régulièrement le HDP d’être la «vitrine politique» du PKK, une organisation qui livre une guérilla sanglante contre l’État turc, depuis 1984, dans le sud-est du pays.
Selon l’agence de presse étatique Anadolu, la Cour constitutionnelle, qui avait rejeté en mars un premier acte d’accusation pour un «vice de procédure», a décidé, lundi, d’accepter la nouvelle requête du procureur. Un procès, dont la date n’a pas été annoncée dans l’immédiat, doit s’ouvrir prochainement. Pour qu’une interdiction du HDP soit prononcée, il faut que dix des quinze membres de la Cour constitutionnelle votent en ce sens.
Au moment où Ankara cherche à apaiser ses relations avec l’Occident, cette procédure a suscité l’inquiétude de pays européens et d’ONG, qui y voient un signe supplémentaire de l’érosion de l’État de droit sous Recep Tayyip Erdogan.
par: Arab Observer