Paris: Des journalistes sont solidaires de leurs confrères à Gaza

Mercredi 16 avril, des centaines de journalistes se sont rassemblés à Paris pour honorer les 200 journalistes palestiniens tués depuis le début de la guerre à Gaza.
La mobilisation avait été appelée par plusieurs syndicats, sociétés de journalistes et Reporters sans frontières. Ensemble, ils ont lu les noms des journalistes morts. À chaque nom prononcé, un professionnel s’effondrait au sol. Un die-in visuel, poignant, devant un Opéra transformé en mémorial.
Habillés de chasubles blanches tachées de faux sang, environ 200 journalistes se sont réunis mercredi soir pour rendre hommage à leurs consœurs et confrères morts dans la bande de Gaza. Depuis octobre 2023, selon les organisateurs cités par Libération, 200 journalistes palestiniens ont été tués. À cela s’ajoutent 4 Israéliens, 9 Libanais et 1 Syrienne.
Dans l’histoire de notre profession, tous conflits confondus, c’est une hécatombe d’une magnitude jamais vue, a déclaré un représentant du collectif organisateur, selon Libération.
Ce soir-là, la sidération laisse place à une forme de courage collectif. Citée par Libération Pascale, présente dans la foule, le remarque: C’est la première fois qu’autant de journalistes, de rédactions et de lignes éditoriales différentes partagent le même cri. C’est inédit, il faut que ça fasse du bruit.
Sur les pancartes, les visages des disparus. Dans les discours, l’urgence de rappeler que ces journalistes portaient casque, gilet pare-balles, et qu’ils étaient clairement identifiés comme presse.
Depuis Gaza, un message audio du journaliste Rami Abou Jamous a été diffusé pendant le rassemblement. Il y rappelle le rôle essentiel de ceux qui couvrent le conflit : Ce que font les journalistes ici, c’est tenir jour après jour un fil ténu entre la lumière et la nuit. Que cette cérémonie soit plus qu’un hommage, qu’elle soit une promesse.
Yousef Habash, représentant du syndicat des journalistes palestiniens en Europe, a salué la mobilisation: Depuis le 7 octobre, nous avons vu la propagande se répandre partout en Europe. Mais aujourd’hui, vous brisez ce silence. Nous croyons que le sang de nos journalistes ne sera pas versé en vain.
Dans la foule, de nombreux étudiants en journalisme. Johanna, 24 ans, confie à Libération: En tant qu’aspirante journaliste, je pense que c’est essentiel de se mobiliser et de continuer à le faire. Manon, elle aussi en école de journalisme, ajoute : C’est déplorable de se dire qu’on se forme à ce métier, et qu’en parallèle, des confrères meurent simplement parce qu’ils l’exercent.
Le même jour, la journaliste palestinienne Fatima Hassouna est morte avec sa famille sous un bombardement, rappelle Dominique Pradalié, présidente de la Fédération internationale des journalistes.
Thibaut Bruttin, directeur de Reporters sans frontières, reconnaît l’urgence tardive de cette mobilisation : Ce rassemblement arrive tard. Peut-être trop tard, il faut le reconnaître.
Une militante des droits humains conclut : Le monde regarde ces crimes de guerre, et il ne fait rien. Il est temps que nos voix de soutien résonnent.