Philippe Lazzarini: Les allégations de Tel Aviv contre l’Unrwa transforment le personnel de l’Onu en cible légitime
Le commissaire général de l’agence des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a déclaré jeudi que les allégations de Tel Aviv sur l’implication d’employés de l’Unrwa dans l’attaque du 7 octobre, transforment le personnel de l’Onu en cible légitime.
Le diplomate italo-suisse a souligné que l’ampleur et la portée des récentes attaques contre les employés de l’Unrwa nécessitent la mise en place en urgence d’une commission d’enquête indépendante.
Selon le responsable en chef de l’Unrwa, les allégations israéliennes ont fait du personnel humanitaire de l’Onu une cible légitime aux yeux de certains.
Dans des déclarations au quotidien américain The New York Times, le patron de l’Unrwa estime que la guerre qui sévit dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre dernier a entraîné un mépris flagrant pour la mission de l’Onu, notamment pour les attaques contre son personnel qui ont fait des centaines de victimes (entre mort et blessé) parmi les employés onusiens.
Les responsables israéliens menacent non seulement le travail de nos employés et notre mission, mais encore ils discréditent également l’Unrwa, a ajouté Lazzarini.
Par ailleurs, l’Autorité foncière israélienne a ordonné à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) de quitter son siège à Jérusalem-Est occupée dans un délai de 30 jours, ont rapporté, jeudi, des médias israéliens.
Selon le site d’information Times of Israel, l’Autorité foncière a déclaré que l’Unrwa lui devait une somme de plus de 7,3 millions de dollars, ‘’pour avoir opéré pendant les sept dernières années sur un terrain appartenant à Israël sans son consentement.’’
Cette décision fait suite à une demande d’expulsion de l’agence onusienne formulée, en février, par le ministre du logement, Yitzhak Goldknopf.
Mercredi, la Knesset (le Parlement israélien) a approuvé, en première lecture, un projet de loi désignant l’Unrwa comme organisation terroriste et annulant de facto l’immunité et les privilèges de l’Unrwa pour l’année 2024.
Pour entrer en vigueur, ce projet de loi doit faire l’objet de trois autres lectures. Il s’inscrit dans le cadre de ce que les parties palestinienne, onusienne et internationale considèrent comme une campagne israélienne visant à démanteler l’Unrwa et à en finir une fois pour toutes avec la question des réfugiés.’’
L’Unrwa a été créé par une résolution des Nations unies en 1949 et a pour mission d’apporter assistance et protection aux réfugiés dans ses cinq zones d’opération, à savoir la Jordanie, la Syrie, le Liban, la Cisjordanie et la Bande de Gaza.
L’agence de l’Onu compte plus de 30 000 employés dans toute la région. Elle est accusée par Tel Aviv d’employer ‘’plus de 450 terroristes’’ dans la bande de Gaza, notamment 12 personnes qui selon les Israéliens, seraient directement impliquées dans l’opération ‘’Déluge d’al-Aqsa’’ menée par le Hamas.
Un rapport du comité indépendant chargé d’évaluer le fonctionnement de l’Unrwa, présidé par l’ex-ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, avait pointé quelques problèmes liés à la neutralité politique de l’agence humanitaire onusienne mais pas de failles majeures, reconnaissant qu’elle était irremplaçable et indispensable pour les 5,9 millions de Palestiniens de la région.
Le véritable objectif derrière les attaques contre l’Unrwa est de nature politique: il est de priver les Palestiniens du statut de réfugiés à commencer par Gaza, Jérusalem et la Cisjordanie, a insisté de son côté, Philippe Lazzarini.
Et d’ajouter, c’est exactement ce que nous avons entendu au Conseil (de sécurité) de l’ambassadeur israélien (à l’ONU Gilad Erdan). C’est un objectif d’Etat, avait déclaré auparavant Philippe Lazzarini.