Pourquoi parle-t-on de sommet du G7 (et plus du G8) ?
Les dirigeants des pays les plus riches de la planète se réunissent à Biarritz, du 24 au 26 août, pour aborder les grands dossiers mondiaux dans le cadre d’un G7 (pour groupe des sept). Cet espace de débats informels ne dispose pas d’une bureaucratie propre et ne constitue pas une institution. Il n’a pas d’existence juridique. Organisé chaque année depuis 1975, ce sommet est parfois considéré comme un club fermé, car ses membres ont peu évolué au fil des années. G6, G7, G8 ou G20, voici quelques explications historiques pour tenter de s’y retrouver.
Le G7 est en fait un G7 + l’UE
Tout a débuté en 1975, mais il est encore prématuré de parler, à cette époque, de G6. A l’initiative du président français, Valéry Giscard d’Estaing, et du chancelier fédéral allemand, Helmut Schmidt, six pays se réunissent au château de Rambouillet (Yvelines) pour faire un point après le choc pétrolier : France, RFA, Italie, Japon, Royaume-Uni, Etats-Unis. La décision de répéter l’exercice est prise l’année suivante, lors du sommet de San Juan, à Porto Rico. Absent en France, le Canada avait participé aux discussions sous l’impulsion des Etats-Unis, soucieux de rééquilibrer la trop forte représentation européenne.
L’initiative avait froissé des chefs d’Etat et de gouvernement du Vieux Continent, qui ont finalement obtenu que la Commission européenne assiste à de premières discussions (notamment monétaires et commerciales) lors du sommet de Londres, en 1977. Trois ans plus tard, l’instance européenne intègre définitivement le G7 mais elle n’a pas la possibilité d’organiser le sommet ou d’en assurer la présidence. A Biarritz, comme depuis de très nombreuses années, les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne participeront à toutes les discussions.
Avec la Russie, un G8 de 1997 à 2014
A partir de 1991, la Russie est invitée à des discussions d’après-sommet. Mais ce n’est qu’en 1994, à Naples (Italie), qu’elle participe pour la première fois, en tant que partenaire à part entière, aux pourparlers politiques d’un sommet alors baptisé P8 (pour Political eight). A Denver (Etats-Unis), en 1997, la Russie se joint aux autres partenaires pour former un G7+1. Elle est, en revanche, toujours privée de certaines discussions sur les thématiques économiques et financières. Mais plus pour longtemps. L’année suivante, à Birmingham (Royaume-Uni), le pays dirigé par Boris Eltsine intègre officiellement le sommet et prend enfin part à toutes les réunions. Le G7 devient le G8. La Russie conserve toutefois une place à part à la table des autres puissances, en raison des interrogations liées à sa solidité financière et monétaire.
La Russie organise son premier sommet en 2006, à Saint-Pétersbourg. Huit ans plus tard, en 2014, nouveau rendez-vous sur le sol russe, celui où tout bascule. Les membres du G7 décident de boycotter le sommet prévu à Sotchi. Ils entendent ainsi protester contre l’annexion de la Crimée par Moscou. « Si nos partenaires occidentaux croient que ce format n’est plus approprié, nous ne nous y accrocherons pas », avait simplement réagi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. A cette époque, et malgré la proposition de certains membres, le G7 n’avait pas décidé d’exclure officiellement la Russie.
Quatre ans plus tard, Donald Trump a proposé à Moscou de revenir à la table du sommet, malgré le désaccord de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Moscou a décliné l’invitation en vantant le format du G20, qualifié par Lavrov de « format le plus prometteur pour l’avenir. » Le G7 n’a donc aucune perspective de retour au format G8, même si des rencontres unilatérales sont toujours possibles. En amont du sommet de Biarritz, Emmanuel Macron a d’ailleurs prévu de recevoir Vladimir Poutine au fort de Brégançon.
Des pays associés sont également invités
Outre les membres du G7, plusieurs pays sont associés aux différents sommets pour participer à des rencontres préparatoires et à certaines des discussions. Cette année, la France a invité l’Afrique du Sud, l’Australie, le Chili et l’Inde. Ces quatre pays seront des interlocuteurs sur la question des libertés fondamentales et la protection de l’environnement. Outre l’Afrique du Sud et l’Union africaine, quatre pays africains sont également conviés à certaines réunions : le Burkina Faso, l’Egypte, le Sénégal et le Rwanda. Certaines organisations, comme l’ONU, la Banque mondiale, le FMI ou l’OCDE, sont également invitées à prendre part au sommet de Biarritz.
Et le G20 ?
Après plusieurs crises financières, le G8 a inspiré en 1999 la création d’un G20 qui regroupait les membres et les pays au marché dit « émergent » : Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique et Turquie. Il faut attendre 2008, et le sommet de Washington (Etats-Unis), pour que les dirigeants et chefs d’Etat des pays concernés se réunissent enfin. Les membres du G20 représentent aujourd’hui deux tiers de la population mondiale et 85% du PIB. Ce groupe est donc considéré comme plus adapté à l’ère du multilatéralisme.