Soudan: Des manifestations pro-civils et pro-militaires
Des dizaines de milliers de Soudanais ont manifesté jeudi dans des rassemblements pro-civils et pro-militaires dans plusieurs villes du pays, dont Karthoum.
Des appels au calme ont été lancés et le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête des autorités intérimaires, a réitéré son attachement à la transition démocratique amorcée il y a deux ans.
Partout, les défilés se sont déroulés dans le calme et la plupart des manifestants sont rentrés chez eux en soirée. Un seul incident a eu lieu, à Omdourman, où la police a tiré des grenades lacrymogènes sur un cortège aux portes du Parlement. Lundi déjà, la police avait dispersé de la même manière des pro-armée aux portes du QG du gouvernement.
Prenant la rue dans une démonstration de force face à une transition qui s’enlise, ils ont scandé « le peuple a choisi les civils » à Khartoum et Oumdourman, sa ville-jumelle, l’emportant en nombre sur les partisans d’un « gouvernement militaire » qui ont planté le 16 octobre leurs tentes devant le palais présidentiel. Pour éviter les heurts, les pro-civils ont soigneusement éviter d’approcher de ce campement aux portes du siège des nouvelles autorités de transition.
Insistant pour la première fois sur « le partenariat entre civils et militaires », le général Abdel Fattah al-Burhane avait semblé, mercredi soir, vouloir rassurer la Britannique Vicky Ford, en charge de l’Afrique pour la diplomatie de la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale toujours influente au Soudan.
Les civils, partis, groupes rebelles et syndicats, réunis au sein d’une coalition, les Forces pour la liberté et le changement (FLC), sont parvenus à pousser l’armée, en 2019, à démettre l’autocrate après 30 ans de dictature. Aujourd’hui, cette coalition est divisée. Se détachant du canal historique – qui continue de revendiquer un transfert complet du pouvoir aux civils -, une faction mobilise ses partisans depuis samedi, et organise un sit-in annoncé comme « illimité » devant le palais présidentiel de Khartoum.
« Le gouvernement de transition a fait quelques progrès, par exemple, en négociant des accords de paix avec les rébellions, en matière de justice et de réconciliation, de libertés dans l’espace public et de prisonniers politiques », explique David Kiwuwa, professeur d’études
internationales à l’université de Nottingham-Ningbo.
Washington a prévenu que toute prise de pouvoir militaire entraînerait un retour aux sanctions qui ont paralysé le pays sous le régime d’Omar el-Béchir, ainsi qu’une remise en cause de l’annulation de la dette et des financements internationaux qui figurent parmi les plus grandes réussites de la transition.
C’est actuellement ce Conseil de souveraineté, composé de militaires et de civils, qui supervise la transition avec le gouvernement emmené par le technocrate Abdallah Hamdok, un ancien économiste de l’ONU.
par: Arab Observer