Rare intervention de l’armée libanaise contre des drones israéliens
L’armée libanaise a tiré mercredi contre des drones israéliens survolant le sud du Liban, une intervention très rare qui survient en pleines tensions entre les deux pays voisins.
Selon le commandement de l’armée libanaise, trois drones israéliens ont violé l’espace aérien libanais, et les militaires ont tiré sur deux d’entre eux qui sont retournés en Israël.
Ces incidents font suite à des mises en garde lancées par le Liban à Israël après à une attaque dimanche par un drone armé contre un fief du puissant mouvement armé du Hezbollah libanais à Beyrouth, attribuée à l’Etat hébreu.
Le Liban et son voisin israélien sont toujours techniquement en état de guerre. Le Hezbollah, bête noire d’Israël, est un acteur politique majeur au Liban et un allié de l’Iran, un autre ennemi juré de l’Etat hébreu.
L’attaque sur le fief du Hezbollah a été présentée par le chef de ce mouvement Hassan Nasrallah comme « le premier acte d’agression » d’Israël au Liban depuis la guerre de 2006 entre l’Etat hébreu et le Hezbollah qui a fait 1.200 morts côté libanais et 160 côté israélien.
« Un drone de l’ennemi israélien a violé l’espace aérien libanais en survolant une position de l’armée dans la localité d’Al-Adayssé. Les militaires ont tiré sur l’appareil le forçant à rebrousser chemin. Un deuxième drone a survolé le même poste et les soldats ont aussi ouvert le feu », a indiqué le commandement dans un communiqué.
« Un troisième drone a survolé la région de Kafarkala pendant un certain temps avant de quitter l’espace aérien libanais », a-t-il ajouté.
L’Agence d’information nationale libanaise ANI a fait état du survol par un quatrième drone du sud du Liban, une région frontalière d’Israël, mais qui n’a pas été la cible de tirs.
– Menaces réciproques –
Ces interventions de l’armée libanaise répondent à « des instructions précédentes selon lesquelles tout mouvement israélien à l’intérieur des frontières libanaises sera la cible de tirs », selon une source militaire à Beyrouth.
En Israël, l’armée a indiqué dans un communiqué que « des tirs ont été entendus en provenance du territoire libanais vers un espace aérien dans lequel des drones des forces armées israéliennes opéraient. Les drones ont terminé leur mission et aucun dommage n’a été rapporté ».
Après l’attaque de dimanche contre le fief du Hezbollah, qui n’a pas été confirmée par Israël, les autorités libanaises ont indiqué avoir le droit de défendre leur pays « par tous les moyens contre toute agression ».
Hassan Nasrallah avait directement menacé Israël de représailles. « Je dis à l’armée israélienne aux frontières (…) Préparez-vous et attendez-nous ».
Il avait ajouté que le temps où les drones israéliens survolaient le Liban sans être inquiétés était révolu. Désormais, « chaque fois que les drones israéliens entreront dans l’espace aérien du Liban, nous chercherons à les abattre ».
En retour, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti Hassan Nasrallah et l’Etat libanais de prendre garde à ce qu’ils « disent et font ».
– Face à l’Iran –
Selon le Hezbollah, un drone israélien contenant plus de cinq kilos d’explosifs est tombé dans la banlieue sud de Beyrouth et un second a explosé et causé « d’importants dégâts » dans un « centre des médias » du mouvement.
D’après le Times de Londres, les drones qui seraient israéliens sont tombés près d’installations de l’Iran permettant de fabriquer un carburant essentiel à la confection de missiles de précision. Selon des sources de renseignements occidentales, citées par le Times, les drones sont tombés près de sites contenant un mixeur et des composants, qui mélangés, servent de carburant à des missiles de haute précision.
Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a refusé de commenter l’article du Times.
Considéré par Israël et les Etats-Unis comme une « organisation terroriste », le Hezbollah intervient militairement dans le conflit en Syrie voisine en soutien au régime de Bachar al-Assad, aux côtés de l’Iran.
Samedi dernier, l’armée israélienne a affirmé avoir frappé près de Damas des positions de la force iranienne Al-Qods, pour prévenir selon elle une attaque de cette unité d’élite « contre des cibles dans le nord d’Israël avec des drones tueurs ».
Mais M. Nasrallah a affirmé que les raids avaient touché une position du Hezbollah, tuant deux de ses combattants. L’Iran a démenti que des positions de la force al-Qods aient été touchées.