Saad Hariri donne 72 heures aux forces politiques pour trouver des solutions
Le premier ministre libanais Saad Hariri a donné 72 heures aux membres de la coalition gouvernementale pour soutenir ses réformes économiques, au deuxième jour de manifestations massives contre la classe politique accusée de corruption, sur fond d’une crise économique qui s’aggrave.
«Nos partenaires au gouvernement doivent nous donner une réponse claire, définitive et convaincante (…) assurant que nous avons tous opté pour des réformes, sinon je tiendrais un tout autre discours dans un très court délai de 72 heures», a prévenu Saad Hariri dans une allocution télévisée très attendue et suivi par des milliers de manifestants appelant notamment au départ du gouvernement.
Il a par ailleurs insinué qu’il n’avait aucun problème à céder sa place à la tête du gouvernement à quiconque proposerait une autre solution. Il s’exprimait dans une allocution télévisée très attendue et suivie en début de soirée par des milliers de manifestants rassemblés notamment devant le siège du gouvernement pour réclamer son départ.
«Ce que l’on voit depuis hier, c’est la douleur des Libanais. C’est une véritable douleur», a reconnu le premier ministre, les traits tirés et l’air grave, à propos des manifestations qui se poursuivent pour la deuxième journée consécutive en prenant de l’ampleur. «Les gens nous ont donnés plus d’une chance depuis trois ans. Ils ont attendu que nous fassions quelque chose, que nous lancions les reformes et les projets, des opportunités d’emploi pour les jeunes», a ajouté Saad Hariri.
Il a accusé des membres de la coalition, qu’il n’a pas nommés, d’entraver ses efforts pour aller de l’avant avec les réformes économiques pourtant convenues pour permettre au Liban de bénéficier de promesses de prêts et de dons d’un montant total de 11,6 milliards de dollars. «Cela fait des mois que nous attendons que nos partenaires au gouvernement avancent dans le sens de la solution sur laquelle nous nous sommes tous mis d’accord (…) mais ils ont tout fait pour tergiverser», a-t-il accusé.
Les manifestations ont jeté une lumière crue sur les divisions au sein de la fragile coalition gouvernementale constituée principalement du parti du président de la République Michel Aoun, allié du mouvement chiite du Hezbollah d’une part, et du camp politique dirigé par Saad Hariri de l’autre.
Peu auparavant, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le gendre du président, avait assuré qu’il était opposé à une démission du gouvernement, qui selon lui donnerait lieu à une situation «beaucoup plus grave que l’actuelle». Dans la rue, une manifestante, Carole (27 ans), a réagi au discours du premier ministre, critiquant le fait qu’il a «donné un délai de trois jours alors qu’ils avaient 20, 30 ans pour régler les problèmes.» Pour elle, «cela est inacceptable, il vaut mieux qu’il parte et qu’il cède la place à quelqu’un d’autre à même d’appliquer les réformes».