Saïed refuse que son pays soit un gendarme pour protéger les frontières européennes

Le Président tunisien, Kaïs Saïed, dit refuser que son pays soit juste un simple gendarme qui veille à protéger les frontières européennes. En visite surprise à Sfax, samedi, il a donné des assurances aux migrants.

S’adressant aux pays européens, Kaïs Saïed dénonce un double langage quant à la gestion de la chose migratoire. « Doivent-ils avoir honte de voir se profiler devant leurs yeux un tableau sombre et morose d’une humanité foulée aux pieds ? Ces pauvres ressortissants africains ont dû fuir leurs pays, souvent fragilisés par les guerres. Ils sont venus chez nous en quête de refuge », a dit le chef de l’Etat tunisien.

« Je suis venu à Sfax pour écouter les préoccupations des citoyens de la région… Nous ne tolérerons plus que quiconque sur le sol tunisien soit en proie à un traitement dégradant, humiliant et inhumain… », a dit le dirigeant. Un discours loin de celui qu’il a récemment tenu et qui avait été condamné à l’international. « Ces migrants venant du continent africain sont les nouveaux métèques, les victimes, les damnés et les oubliés de l’ordre mondial de la misère », a déploré le Président tunisien.

« Nous plaidons à cor et à cri en faveur d’une solution éminemment humaniste dans un cadre collectif, selon des normes préservant la dignité humaine où tous doivent y contribuer dans le respect des lois de l’Etat… Il est temps de mettre fin à leur tragédie, à leur calvaire, à leur triste sort », a lancé le chef de l’Etat tunisien. « Que l’on soit clair. Nous sommes là pour les protéger, pour préserver leur dignité », a rassuré Kaïs Saïed.

Selon lui, la condition est que ces migrants se conforment à la loi et soient en situation régulière. Le Président tunisien a dénoncé « les pseudo-défenseurs des droits de l’homme, qui ne cessent de nous importuner par leurs leçons de morale », non sans critiquer une approche égocentriste qui réduit les migrants à une « poussière d’individus, à des chiffres au mieux erronés, au pire sans âme ni esprit ».

« Lorsqu’il est question de protéger leurs pays, ils s’empressent à revendiquer l’application de la loi. Lorsqu’il est question de nos pays, pays de la rive Sud, le discours change de ton et les requêtes ne sont plus les mêmes », a poursuivi le dirigeant. « La solution à la montée en puissance des flux migratoires ne doit plus être aux dépens de la Tunisie », fait-il savoir. « Nous refusons que notre pays soit réduit au rôle de simple gendarme qui veille scrupuleusement à protéger les frontières des autres », a dit Saïed.

Depuis le début de l’année 2022, la Tunisie enregistre une forte augmentation des flux migratoires irréguliers vers l’Europe, notamment vers les côtes italiennes. Certaines parties du littoral tunisien étant à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa. Les crises économiques et politiques ainsi que les conflits armés poussent les migrants, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, à rallier ce pays nord-africain pour tenter de regagner l’Europe.

 

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