Sebastian Kurz (ÖVP) remporte les élections législatives autrichiennes
Le parti du jeune leader conservateur Sebastian Kurz (ÖVP) a remporté les élections législatives autrichiennes , selon les projections, alors que l’extrême droite essuie un net recul.
Un résultat qui pourrait annoncer le retour de Sebastian Kurz à la chancellerie autrichienne. Quatre mois après avoir dû quitter ses fonctions à la suite du retentissant scandale de l’Ibizagate, Sebastian Kurz a réussi son pari : son parti conservateur et libéral (le parti populaire autrichien ou Österreichische Volkspartei (ÖVP), obtient 37,2 % des suffrages, améliorant même son score de 2017 de presque six points, selon les projections de la télévision publique ÖRF.
Son premier gouvernement, formé en 2017 en coalition avec le parti d’extrême droite FPÖ, n’avait pas résisté à des révélations compromettantes pour le chef du FPÖ et numéro deux du gouvernement. Il avait implosé en mai, au bout de 18 mois de mandat, entraînant la tenue de ces élections anticipées.
Les Autrichiens ont sanctionné le FPÖ pour ce scandale qui a terni l’image de leur pays : le parti nationaliste perdrait environ 10 points par rapport au scrutin de 2017, à environ 16 %. Il arrive derrière les sociaux-démocrates qui prennent la seconde place avec environ 22 % des voix.
Le FPÖ, qui enregistre son plus faible score depuis 2002, est « à reconstruire », a reconnu son nouveau chef Norbert Hofer, estimant ne « pas être en position » de discuter d’une nouvelle alliance gouvernementale.
Dans une campagne où les enjeux climatiques ont remplacé la question migratoire qui avait dominé les législatives de 2017, les Verts enregistrent une progression fulgurante : sortis du parlement avec moins de 4 % des voix il y a deux ans, ils font un retour triomphant avec entre 13 % et 14 % des suffrages selon les projections.
Sebastian Kurz s’expose maintenant à des négociations ardues dans sa quête d’alliés pour gouverner.
Deux options semblent envisageables pour l’ex-chancelier : revenir à la sage coalition avec les sociaux-démocrates, arrivés en seconde position avec le plus mauvais score de leur histoire (22 % selon les projections), ou opérer un visage à 180 degrés en s’alliant avec les Verts.
Aucune de ces deux formations ne s’est montrée dimanche particulièrement pressée de gouverner avec le chef des conservateurs, qui a imposé une ligne dure sur l’immigration et fait du refus de nouveaux impôts l’un de ses marqueurs idéologiques.
Le chef des Verts autrichiens a averti qu’il n’envisageait une coalition avec Sebastian Kurz que si ce dernier effectuait un « changement politique radical ».
Werner Kogler a réclamé notamment un virage sur les questions d’environnement, mais aussi sur « la lutte contre la corruption » et « la pauvreté ». « Nous sommes encore à mille lieux » d’une coalition avec la droite, a-t-il prévenu.
Les partis écologistes ont créé ces derniers mois la surprise dans les urnes dans plusieurs pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la France, où le mouvement citoyen « Fridays for future » a dopé leur popularité.
En Autriche, les sujets climatiques ont éclipsé la thématique de l’immigration lors de la campagne électorale et Sebastian Kurz a entamé un rapprochement sur un programme gouvernemental commun avec les Verts.
Ces derniers gouvernent déjà plusieurs régions avec la droite, mais les concessions de part et d’autre devraient être si nombreuses que ce scénario de coalition laisse beaucoup d’observateurs sceptiques.
Plusieurs figures influentes de l’ÖVP font aussi pression pour que Sebastian Kurz étudie le retour à une « grande coalition » avec les sociaux-démocrates, une formule ayant gouverné l’Autriche durant 44 ans depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Mais l’ex-chancelier sait qu’il perdrait en popularité chez des électeurs qui ne veulent plus entendre parler de ce « vieux couple » usé par les désaccords et les inimitiés personnelles.
L’une des préoccupations principales des Autrichiens est un retour à la stabilité: « Nous avons eu trop de chaos ces derniers mois », a confié à l’AFP une électrice viennoise, Clara Heisinger.