Sedat Peker révèle les relations du régime turc avec les organisations terroristes
En Turquie, un chef mafieux passé par la prison continue de tenir le pays en haleine avec ses vidéos publiées depuis le début du mois sur sa chaîne YouTube, Sedat Peker a lancé une attaque féroce contre le chef du régime turc Erdogan révélant plus de scandales et accuse des représentants de l’État turc d’être impliqués dans divers crimes.
Corruption, meurtres, trafics de drogue et petits secrets d’État… Ses accusations mettent en lumière les relations incestueuses entre la coalition islamo-nationaliste au pouvoir et le crime organisé.
L’ex-chef mafieux turc Sedat Peker a publié dimanche sur sa chaîne YouTube une nouvelle vidéo. Il affirme avoir participé au transfert d’armes vers la Syrie pour le compte d’une société militaire privée turque et avoir appris par la suite qu’elles avaient été livrées au Front al-Nosra. Depuis un mois, ce parrain de la mafia multiplie les vidéos accusant de hauts responsables de divers crimes.
En novembre 2015, Sedat Peker s’était vanté sur les réseaux sociaux d’avoir envoyé en Syrie des camions entiers « d’aide » aux combattants turkmènes de Syrie. Dans cette nouvelle vidéo, le chef mafieux revient sur cet épisode avec de graves allégations.
Il affirme qu’en plus de ces camions transportant ce qu’il décrit comme des gilets pare-balles et autres équipements, il a aussi organisé le passage à la frontière turco-syrienne de camions remplis d’armes.
Peker a déclaré dans ses déclarations que l’ancien ministre de l’Intérieur Mehmet Agar, connu comme le chef de notre État profond, était celui qui a coordonné cette opération illégale contre nous, en collusion avec le groupe médiatique des pélicans, afin de faire de la propagande noire. pour nous présenter comme si nous étions des éléments d’une organisation criminelle.
Il explique avoir agi comme intermédiaire pour le compte d’une société de sécurité privée, SADAT, fondée par un ancien général qui fut jusqu’en janvier 2020 conseiller militaire du président Erdogan. Selon Sedat Peker, SADAT organisait ces transferts et non les services secrets ou l’armée. Il assure avoir découvert que ces armes n’avaient pas été livrées à des combattants turkmènes, mais au front al-Nosra, soit al-Qaïda en Syrie, un groupe que la Turquie considérait déjà comme terroriste à l’époque.
Les allégations de ce « parrain », qui étaient déjà embarrassantes pour Ankara lorsqu’elles mettaient le doigt sur les luttes de pouvoir au sein de l’État turc et sur ses relations troubles avec le crime organisé, risquent de le devenir encore plus à mesure qu’elles prennent une dimension internationale.
Il a parlé sur le ministre de l’Intérieur, Süleyman Soylu, qu’il accuse de l’avoir trahi après l’avoir un temps protégé. Ses vidéos ne seraient qu’une vaste opération de vengeance, après une perquisition de police musclée à son domicile à Istanbul au cours de laquelle sa femme et ses enfants ont été traités d’une manière « irrespectueuse ». « J’ai toujours dit que je mettrais le monde à feu et à sang si on touche à ma fille. Regardez-moi le faire », a-t-il lancé dans sa première vidéo. « Frère Tayyip » Erdogan est quant à lui épargné.
Peut-être plus pour longtemps. Erdogan a vigoureusement défendu mercredi son gouvernement et le ministre de l’Intérieur. « En 19 ans, nous avons écrasé une par une les organisations criminelles », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il se tenait « aux côtés » de son ministre.
La Turquie a émis ce jeudi un mandat d’arrêt contre Sedat Peker. Dans un bref communiqué, le parquet d’Ankara a indiqué qu’un tribunal avait donné l’ordre d’arrêter le parrain de la mafia.
par: Arab Observer