Sinan Ogan, le faiseur de roi qui peut départager Erdogan et Kiliçdaroglu

Après avoir créé la surprise en obtenant 5,2% des voix lors d’un premier tour qui a placé Recep Tayyip Erdogan en tête de la course devant Kemal Kiliçdaroglu, Ce candidat ultranationaliste fait figure de faiseur de roi avant le second tour du 28 mai, hostile aux réfugiés syriens et aux Kurdes, Sinan Ogan espère imposer son agenda au candidat qu’il soutiendra au second tour.

Le premier tour de la présidentielle en Turquie s’est terminé par un ballottage entre le sortant Recep Tayyip Erdogan (49,51% des voix) et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu (44,88%). Un second tour aura lieu le 28 mai. Pour le spécialiste de la Turquie Nicolas Monceau, la clé dépendra des consignes de vote du troisième candidat, Sinan Ogan.

Recep Tayyip Erdogan est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle dimanche en Turquie avec 49,51% des voix, contre 44,88% pour son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, a annoncé lundi le Conseil électoral supérieur, ajoutant que le deuxième tour se tiendra le 28 mai.

C’est la première fois dans l’histoire de la Turquie qu’un second tour sera nécessaire pour désigner le président.

Au pouvoir depuis deux décennies, le président Erdogan a obtenu un score plus important qu’anticipé mais insuffisant pour l’emporter dès le premier tour, comme cela avait été le cas lors des deux élections présidentielles précédentes.

Pour Nicolas Monceau, maître de conférences en science politique à l’Université de Bordeaux et chercheur associé à l’Institut Français d’Etudes Anatoliennes d’Istanbul, le deuxième tour s’annonce particulièrement ouvert.

« Cette période va certainement conduire à des discussions entre les différents partis politiques, car il y avait un troisième candidat, Sinan Ogan, qui a obtenu 5% des voix. Il va très certainement apparaître comme le faiseur de roi. Par ses consignes de vote, il va jouer un rôle très important dans la victoire du candidat au second tour », expliquait le chercheur dans La Matinale.

Les voix de Sinan Ogan, candidat nationaliste, devraient logiquement aller à Recep Tayyip Erdogan. Mais pour Nicolas Monceau, ce n’est pas une évidence. « Sinan Ogan a déclaré hier soir qu’il examinerait les programmes des deux candidats et qu’il se prononcerait en fonction. Il faut aussi rappeler que dans la coalition de l’opposition figure un parti ultra-nationaliste qui est issu du parti de Sinan Ogan. Il est donc possible que ce candidat puisse reporter ses voix sur Kemal Kiliçdaroglu. »

L’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan, a obtenu avec son alliance une majorité absolue au Parlement, ce qui constitue déjà une victoire pour le président actuel. « Même si la coalition présidentielle a perdu 30 sièges par rapport à la législature actuelle, Recep Tayyip Erdogan conserve la majorité absolue au Parlement. Et en cas de victoire de l’opposition à l’élection présidentielle, le nouveau président aura le plus grand mal à réaliser son programme politique, en particulier pour réviser la Constitution afin de rétablir le régime parlementaire. »

La situation sociale dans la rue était très tendue pour ces élections, avec des affrontements qui ont eu lieu en marge du premier tour. Nicolas Monceau se veut toutefois rassurant pour la suite. « Le deux candidats ont dit qu’ils respecteraient les résultats du premier tour, et par conséquent même si des débordements pourront se produire, on peut néanmoins espérer qu’il n’aura pas trop d’affrontement ou de dérives ces quinze prochains jours. »

par: Arab Observer

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