Sommet à Paris sur le conflit dans l’est de l’Ukraine

Les présidents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, se sont rencontrés pour la première fois lundi lors d’un sommet à Paris afin de tenter de relancer le processus de paix en Ukraine, sous la houlette de la France et l’Allemagne.
Les deux présidents ont pris place face à face autour d’une table ronde, dans un salon du palais parisien de l’Elysée peu après 16H00 (15H00 GMT), au côté du président français Emmanuel Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel.
Les quatre dirigeants sont arrivés assez détendus au sommet, au sortir d’entretiens bilatéraux destinés à caler les discussions, a constaté un journaliste sur place.
Volodymyr Zelensky, élu en avril sur la promesse de mettre fin au conflit dans l’est pro-russe de l’Ukraine, s’est même fendu d’un V de la main en arrivant au palais présidentiel.
La guerre entre Kiev et les séparatistes pro-russes a fait plus de 13.000 morts dans le Donbass, bastion industriel de l’Est ukrainien, et un million de déplacés depuis 2014.

Ces sommets au format « Normandie », en référence à la région française où les dirigeants des quatre pays s’étaient retrouvés pour la première fois en 2014, ne s’étaient plus tenus depuis 2016.
Après trois ans de paralysie des négociations, la rencontre entre le maître du Kremlin, rompu aux rapports de force internationaux, et le jeune président ukrainien, un ancien comédien arrivé au pouvoir en mai, était très attendue.
Les deux hommes devaient aussi avoir à l’issue du sommet une réunion bilatérale consacrée notamment à leur différend gazier. Une conférence de presse des quatre dirigeants est également prévue dans la soirée.

Peu avant le début du sommet, une militante Femen scandant, seins nus, des slogans hostiles à Vladimir Poutine a été interpellée dans la rue devant l’Elysée après avoir réussi à enjamber une barrière.
L’Occident et l’Ukraine accusent Moscou de financer et d’armer les rebelles, ce que la Russie nie, affirmant jouer un rôle politico-humanitaire pour protéger les populations locales russophones.
Les combats ont fortement baissé en intensité depuis les accords de Minsk en 2015. Mais 80.000 hommes continuent de se faire face de part et d’autre d’une ligne de front qui s’étire sur 500 kilomètres. Chaque mois, des morts sont à déplorer dans des accrochages ou sur des mines.

Si la paix n’est pas encore au rendez-vous, Emmanuel Macron et Angela Merkel, la seule à avoir participé à tous les sommets « Normandie » avec Vladimir Poutine, espèrent poser des jalons dans cette direction.
« Nous avons besoin de la consolidation du cessez-le-feu, du déminage le long de la ligne de contact, de définir de nouvelles zones de désengagement (des combattants), de prévoir de nouveaux échanges de prisonniers », a-t-on détaillé à l’Elysée. Pour Emmanuel Macron, dont l’appel au rapprochement de l’UE et de la Russie n’a pas toujours été bien perçu par ses homologues européens, ce sommet constituera aussi un test de la bonne volonté du président Poutine.
Depuis le changement de président en Ukraine, une certaine détente se fait sentir. Un échange de 70 prisonniers a pu avoir lieu en septembre. Les troupes belligérantes ont reculé dans trois petits secteurs de la ligne de front et des navires de guerre ukrainiens saisis par la Russie ont été rendus.

Mais M. Zelensky, novice en politique, est aussi sous la pression de son opinion, qui redoute de le voir faire trop de concessions face à Vladimir Poutine et à Emmanuel Macron. Le président français, confronté à une vague de grèves pour sa réforme des retraites, entend faire de ce sommet un succès.
« Je refuse que nous soyons le plat que se passent les gros +patrons+, je veux que nous soyons à la table (des négociations) au même niveau que les autres! », a assuré Volodymyr Zelensky à ses concitoyens.
Le président ukrainien a posé plusieurs conditions à la tenue d’élections locales dans le Donbass, étape clé du processus de paix, autour de laquelle se cristallisent beaucoup d’inquiétudes.
Il réclame le démantèlement préalable de tous les groupes armés « illégaux » – comprendre les séparatistes pro-russes et leurs parrains russes – et le retour de la frontière entre le Donbass et la Russie sous contrôle ukrainien.
Vladimir Poutine, arrivé en position de force à Paris, s’est montré plus circonspect sur ses intentions.
Mais les concessions ne peuvent venir de M. Zelensky seul, insiste Berlin. « Si l’on veut progresser, la Russie doit aussi faire un geste », a prévenu le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

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