Plusieurs morts lors de nouvelles manifestations au Soudan
La violence s’est de nouveau déchaînée, jeudi 30 décembre, au Soudan où quatre manifestants ont été tués et des dizaines blessés parmi une foule qui conspue le pouvoir militaire, bravant balles réelles, grenades lacrymogènes et coupure des communications.
Des dizaines de milliers de manifestants défilent, jeudi, sous les grenades lacrymogènes pour réclamer un pouvoir civil, alors que le pays est contrôlé par l’armée depuis son indépendance. Les communications ont été coupées et Karthoum verrouillée. Quatre manifestants ont été tués par balles par les forces de sécurité.
Pour empêcher au maximum les rassemblements, les forces de l’ordre avaient installé dans la nuit sur le pont des containers. En outre, les forces de sécurité policiers, militaires et paramilitaires des Forces de soutien rapide avaient installé des caméras sur les principaux axes de Khartoum.
Selon un syndicat de médecins prodémocratie, les quatre manifestants ont été tués par balles à Omdourman, la banlieue nord-ouest de Khartoum, reliée à la capitale par un pont.
Les médecins ont déploré que les forces de l’ordre « empêchent les ambulances d’approcher » des victimes. Ils ont appelé en renfort des médecins à l’hôpital Arbaïn d’Omdourman « car les putschistes utilisent des balles réelles contre les manifestants », faisant état de « dizaines de blessés ».
Impossible de savoir exactement quelle était l’ampleur de la répression car les autorités ont par ailleurs coupé dans la matinée l’internet mobile et les appels téléphoniques locaux comme ceux venus de l’étranger. Une première et surtout un coup dur pour les militants qui tentent de mobiliser le monde à leur cause, via les réseaux sociaux et la diaspora.
En outre, la télévision satellitaire Al-Arabiya a annoncé que plusieurs de ses journalistes avaient été blessés dans une attaque contre son bureau par les services de sécurité.
La chaîne locale el-Sharq a elle aussi affirmé avoir été empêchée de couvrir l’actualité du jour par les forces de sécurité.
À chaque nouvel appel des manifestants proclamant que « la révolution continue » face au chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a renforcé son pouvoir avec un putsch le 25 octobre, les autorités mobilisent de nouvelles techniques pour tenter d’endiguer l’opposition.
Cela n’a pas empêché des dizaines de milliers de manifestants de scander de nouveau jeudi « Non au pouvoir militaire » et « Les militaires à la caserne! » à Khartoum mais aussi à Kessala et à Port-Soudan dans l’est ou à Madani, au sud de la capitale.
Jeudi, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel de Khartoum où siège le Conseil souverain, la plus haute autorité de la transition chapeautée par le général Burhane, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes.
Des manifestants évacuaient des blessés, tandis que la foule s’approchait du bâtiment et s’en éloignait au gré des charges policières.
L’ambassade américaine appelle en outre les autorités à « ne pas recourir aux détentions arbitraires », alors que des militants font état de nouvelles rafles nocturnes à leur domicile, comme souvent à la veille de chaque manifestation.
par: Arab Observer