Appels à la grève et à la désobéissance civile au Soudan

Lors d’une nouvelle journée de manifestation contre le pouvoir militaire, sept personnes ont été tuées par balles lundi au Soudan, portant à 71 le nombre de manifestants tués depuis le putsch du 25 octobre. De son côté, la police assure qu’un de ses généraux a été poignardé à mort lors de récentes manifestations.

Mardi, les Comités de résistance, l’Association des professionnels soudanais et le Conseil central des Forces pour la liberté et le changement ont appelé le peuple soudanais à entamer une grève générale de deux jours et à la désobéissance civile et à fermer un certain nombre de quartiers.

Un certain nombre de comités de résistance de quartier à Khartoum ont commencé à fermer un certain nombre de rues principales à la circulation, tandis que le Comité central des médecins soudanais a appelé ses membres à se retirer des hôpitaux ordinaires et à faire grève.

La capitale soudanaise, Khartoum, a été témoin d’une journée violente, à la suite de rassemblements auxquels des milliers de personnes ont participé et qui ont inclus plus de 15 villes pour exiger un régime civil.

Bravant un quadrillage sécuritaire serré et des troupes équipées d’armes lourdes, des milliers de Soudanais ont de nouveau scandé.

« Les militaires à la caserne » et « Le pouvoir aux civils » en tentant d’approcher du palais présidentiel à Khartoum, ou ailleurs dans le pays.

Dans la capitale, les partisans d’un pouvoir civil dans un pays sorti en 2019 de trois décennies de dictature militaro-islamiste ont essuyé des tirs « à balles réelles », mais aussi une pluie de grenades lacrymogènes et assourdissantes et des tirs de canons à eau, rapportent des médecins.

Dans un pays où militaires et paramilitaires sont déjà accusés d’exactions et notamment, récemment, du viol d’une dizaine de manifestantes, une nouvelle décision des généraux au pouvoir fait redouter le pire.

Lundi, le Conseil de défense a annoncé la création d’une « force spéciale antiterroriste pour faire face à de potentielles menaces ».

Les forces de l’ordre tentent d’empêcher les manifestants de s’en approcher, les poursuivant parfois dans les rues environnantes à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes.

Si les forces de sécurité quadrillent Khartoum et ses banlieues, en revanche et pour la première fois, elles ne bloquent pas l’ensemble des ponts reliant la capitale soudanaise à ses banlieues sur l’autre rive du Nil.

Dans une autre, Khartoum-Nord, des milliers de manifestants criaient « Les militaires à la caserne » et « Pas de retour en arrière possible » dans un pays resté sous la férule de l’armée quasiment en continu depuis son indépendance il y a 65 ans.

Depuis que le général Burhane, chef de l’armée, a rebattu les cartes avec son coup de force, le pays ne cesse de s’enfoncer dans la violence.

Les forces de l’ordre vont même jusqu’à attaquer des blessés et des médecins dans les hôpitaux, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’ONU, de son côté, tente d’organiser un dialogue pour relancer une transition vers la démocratie brutalement interrompue le 25 octobre. Sa mission à Khartoum multiplie les rencontres avec tous les acteurs du pouvoir, de la société civile, et même les associations de femmes ou de jeunes, sans toutefois parvenir dans l’immédiat à obtenir un accord pour des négociations directes ou indirectes entre toutes les parties.

L’envoyé spécial des États-Unis pour la Corne de l’Afrique David Satterfield et la secrétaire d’État adjointe Molly Phee ont entamé pour leur part, lundi, une tournée en Arabie saoudite et au Soudan pour tenter de relancer le dialogue dans un pays où la rue ne cesse de scander « Pas de négociation, pas de partenariat (avec l’armée) ».

Lundi, Washington a annoncé avoir remplacé son chargé d’affaires à Khartoum. Les États-Unis n’ont plus d’ambassadeur dans le pays depuis les années 1990.

par: Arab Observer

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