Le président du Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa, a fui sa résidence officielle de Colombo, vendredi 8 juillet, avant qu’elle ne soit prise d’assaut par des centaines de manifestants l’accusant d’être le responsable de la crise économique sans précédent à laquelle le pays est confronté. Il reste président du pays et est désormais protégé par l’armée dans un lieu tenu secret, a fait savoir, samedi, une source du ministère de la défense sri-lankais.
Les chaînes de télévision locales ont montré des images de centaines de personnes, drapeau national à la main, renversant plusieurs barrages de police et escaladant les grilles du palais présidentiel, au cœur de la capitale économique.
Certains manifestants ont diffusé en direct sur les réseaux sociaux des vidéos où l’on peut voir une foule déambulant à l’intérieur du palais, s’introduisant dans les bureaux, les chambres à coucher et la piscine de la résidence.
Cet assaut fait suite à une manifestation ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes qui exigeaient la démission de M. Rajapaksa. Les forces de l’ordre ont tenté de disperser l’immense foule rassemblée dans le quartier administratif de Colombo. Le principal hôpital de la ville a fait état de trois personnes blessées par balle et de trente-six autres souffrant de difficultés respiratoires à cause des gaz lacrymogènes massivement employés.
Le premier ministre, Ranil Wickremesinga, a convoqué dans la foulée une réunion d’urgence du gouvernement, pour discuter d’une « résolution rapide » de la crise politique en cours. Celui qui aurait dû remplacer M. Rajapaksa en cas de démission a invité les dirigeants des partis politiques à se joindre à la réunion et a également demandé que le Parlement soit convoqué d’urgence pour discuter de la crise, a annoncé son bureau dans un communiqué.
Mais après que ces figures politiques du pays lui ont demandé de quitter ses fonctions en même temps que le président, M. Wickremesinga a annoncé avoir accepté de démissionner. Dinouk Colombage, le porte-parole du premier ministre, a fait savoir que M. Wickremesinga s’était dit prêt à laisser son poste, une fois que les partis du pays se seront entendus pour former un gouvernement d’union nationale. « Pour assurer la sécurité de tous les Sri-lankais, il est favorable à cette recommandation des responsables des partis de l’opposition », ont affirmé ses services dans un communiqué.
La veille, un couvre-feu d’une durée indéterminée avait été décrété à Colombo, alors que des milliers de manifestants commençaient déjà à affluer pour demander la démission du président. « Le couvre-feu n’a pas eu d’effet dissuasif. Il a en fait encouragé davantage de personnes à descendre dans les rues en guise de défi, a déclaré un responsable de la défense. Des passagers ont réquisitionné des trains pour rejoindre Colombo. » Même si le pays a presque épuisé ses maigres réserves d’essence, les manifestants, soutenus par les principaux partis d’opposition, ont également loué des bus privés pour se rendre dans la capitale économique.
A court de devises étrangères en raison d’une mauvaise gestion économique et de l’impact de la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19, ce pays insulaire rencontre des difficultés à importer, notamment les produits essentiels, ce qui provoque de graves pénuries de médicaments, de nourriture et de carburant.
Les Nations unies estiment qu’environ 80 % de la population saute des repas pour faire face aux pénuries et à la flambée des prix. Les 22 millions d’habitants subissent également une inflation galopante et des coupures de courant prolongées depuis le début de l’année.
En avril, le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars et a entamé des négociations de sauvetage avec le Fonds monétaire international. Le mois suivant, de nombreuses manifestations avaient éclaté. Neuf personnes avaient été tuées et plusieurs centaines blessées lors de troubles dans le pays.
Arab Observer