Syrie: Affrontements indirects entre les grandes puissances
Les affrontements indirects entre grandes puissances se poursuivent sur le terrain en Syrie. Deux jours après le bombardement russe d’un bois tenu par les rebelles près d’Idlib, c’est l’armée américaine qui a frappé, mardi, des bases de milices pro-iraniennes dans l’Est.
Ces frappes ont eu lieu dans la province de Deir Ezzor et ont visé des «infrastructures utilisées par des groupes affiliés aux Gardiens de la Révolution », a déclaré le porte-parole du commandement central de l’armée américaine au Moyen-Orient, le colonel Joe Buccino, dans un communiqué.
Plusieurs drones avaient alors attaqué une base avancée de la coalition anti-djihadistes, selon les Américains qui n’avaient déploré aucune victime. Le bombardement aérien américain de mardi a frappé neuf bunkers utilisés notamment pour le stockage de munitions, a ensuite précisé à CNN le colonel Bucino.
Le corps des Gardiens de la Révolution, considéré comme l’armée idéologique du régime iranien, figure sur la liste noire américaine des « groupes terroristes ». Ces « frappes de précision » visent selon le colonel Buccino à « défendre et protéger les forces américaines d’attaques comme celles menées le 15 août dernier par des groupes soutenus par l’Iran ».
Des centaines de soldats américains sont déployés dans le Nord-Est de la Syrie dans le cadre de la coalition anti-djihadiste chargée de combattre, avec leurs alliés kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), les restes du groupe Etat islamique.
Le bombardement de mardi est intervenu le même jour que l’annonce par un média d’Etat iranien de la mort dimanche d’un général des Gardiens de la Révolution, tué au cours d’une « mission » en Syrie. Aucune précision n’a été donnée sur les circonstances de la mort du général, juste décrit comme un « défenseur du sanctuaire », un terme utilisé pour désigner ceux qui travaillent pour le compte de l’Iran en Syrie ou en Irak.
L’aviation russe a mené lundi une quinzaine de raids contre des positions de groupes jihadistes dans la province d’Idleb, a rapporté l’OSDH.
Trois chasseurs-bombardiers russes ont tiré plusieurs missiles contre des camps d’entraînement de Hayat Tahrir al-Cham, l’ancienne branche d’al-Qaïda en Syrie. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme affirme que ces positions avaient été désertées avant les raids.
Le 1er août, l’aviation russe avait bombardé des régions tenus par les jihadistes, et le 22 juillet sept civils, dont des enfants, avaient été tués dans des raids russes non loin de la frontière avec la Turquie.
Malgré son engagement massif en Ukraine, l’armée russe maintient un niveau d’action élevé sur le terrain syrien. La base aérienne de Hmeimim, à Lattaquié, n’a pas été dégarnie et les appareils russes mènent des frappes régulières pour soutenir les opérations au sol de l’armée syrienne contre le groupe État islamique dans le désert central.
Les troupes russes ont renforcé leur présence ces derniers temps dans le Nord et le Nord-est, sur les lignes de front où se font face l’armée syrienne et les milices kurdes d’un côté, l’armée turque et ses supplétifs syriens de l’autre. Le déploiement militaire russe en Syrie n’a pas été allégé comme le suggérerait l’effort de guerre en Ukraine. Mais le ravitaillement des troupes est devenu plus long et plus coûteux en raison de la fermeture du détroit du Bosphore aux bâtiments de guerre.
par: Arab Observer