Tizert, village du sud du Maroc, sous le choc au lendemain d’une crue meurtrière
Le village de Tizert, dans le sud du Maroc, est sous le choc jeudi, au lendemain de la mort d’au moins sept personnes dans une crue violente, un drame survenu sur un terrain de football situé à proximité d’un oued (rivière).
Tandis que les habitants du village enterrent leurs morts, un hélicoptère survole la localité, située dans la région de Taroudant: selon différents témoignages recueillis par l’AFP sur place ou par téléphone, des recherches sont en cours pour trouver d’éventuelles autres victimes, dont un homme de 65 ans porté disparu.
Mercredi, la crue, liée à des intempéries, a emporté un jeune de 17 ans et six hommes âgés, selon un bilan provisoire publié dans la nuit de mercredi à jeudi par les autorités locales. Toutes originaires de la région, les victimes assistaient à un tournoi de football, selon la même source.
Les autorités locales ont annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances du drame et définir les responsabilités.
La catastrophe a suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux.
« Déluge dévastateur »
L’émotion dans le village est d’autant grande que des personnes situées en amont avaient envoyé des messages d’alerte, mais « personne ne s’attendait à un déluge aussi dévastateur », selon les témoignages recueillis par un correspondant de l’AFP.
Le terrain avait été récemment doté de nouveaux équipements, ont affirmé deux habitants joints par téléphone.
Les images de son inauguration joyeuse tournent sur les réseaux sociaux, tout comme celles, impressionnantes, des flots boueux qui ont balayé en quelques minutes le terrain et ses équipements.
Dans la région de Tizert, comme souvent dans les régions montagneuses du Maroc, les terrains de football sont fréquemment construits dans le lit des oueds asséchés, souvent le seul endroit plat, d’après les témoignages recueillis par l’AFP.
Mercredi, huit hommes qui s’étaient réfugiés dans les vestiaires quand l’oued a débordé après un violent orage, ont été emportés par les flots, a déclaré un témoin oculaire qui a requis l’anonymat.
« Nous sommes le choc, j’ai 64 ans et jamais de ma vie je n’ai vu un tel déluge », a dit ce témoin par téléphone.
« Mémoire d’homme »
« Le terrain existe depuis 30 ans, les gens ont toujours joué là, mon père m’a raconté que l’oued avait déjà débordé mais, de mémoire d’homme, on n’a jamais vu ça », a confirmé par téléphone Abdelkrim Bourrich, 41 ans, président d’une association locale.
Avant les nouveaux aménagements –construction des gradins et du vestiaire–, « certains se sont posés la question sur les éventuels risques d’inondations mais on n’en a pas tenu compte car cela fait plusieurs années qu’il n’y avait pas eu pareille catastrophe », a déploré Lotfi Khaled, membre de l’association « Assouli », impliquée dans le développement local.
Un bulletin spécial de la Direction de la météorologie (DMN) avait alerté mercredi en fin de journée sur des risques d’averses orageuses « de niveau orange » dans plusieurs provinces du royaume. La montée des eaux a été d’autant plus rapide que les pluies diluviennes font suite à une période de sécheresse.
Des inondations frappent régulièrement les régions isolées du Maroc, avec des crues soudaines capables de transformer les lits secs des oueds en torrents violents et destructeurs. En 2014, des inondations liées à de pluies torrentielles avaient fait une cinquantaine de morts et des dégâts considérables dans le sud.
L’inondation est « le premier risque en termes de personnes tuées au niveau national », selon un rapport consacré aux risques climatiques publié en 2016 par l’Institut royal des études stratégiques (IRES).
Avec les risques induits de glissement de terrain, « les inondations affecteront près de 21.000 personnes par année, à l’horizon 2030 » dans ce pays du nord de l’Afrique, selon cette étude.
Alors que le changement climatique accentue les phénomènes météorologiques extrêmes partout dans le monde, les intempéries sont devenues « structurelles » au Maroc, selon ce rapport qui préconisait différentes mesures pour la gestion des risques.
« Nous sommes obligés (…) de revoir nos normes, aussi bien pour la conception des nouveaux ouvrages que pour l’entretien des infrastructures existantes », déclarait le ministre marocain de l’Equipement en préambule de ce rapport.