Trump limoge deux responsables de l’administration pour avoir témoigné contre lui
Deux jours après son acquittement par le Sénat à l’issue de son procès en destitution, Donald Trump a demandé à son administration de révoquer deux responsables ayant livré des témoignages préjudiciables à son encontre lors des auditions menées par les démocrates l’an dernier.
Deux jours après avoir été acquitté par le Sénat des chefs d’accusation d’abus de pouvoir et d’entrave à la bonne marche du Congrès, le président américain Donald Trump a limogé, deux responsables de son administration ayant livré des témoignages-clés lors de l’enquête en vue de sa destitution.
Le premier, le lieutenant-colonel Alexander Vindman, a été prié de quitter son emploi à la Maison Blanche. Quelques heures plus tard, c’était au tour de Gordon Sondland, l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne, riche homme d’affaires et donateur républicain, d’annoncer dans un communiqué qu’il était rappelé « à effet immédiat ».
Des responsables démocrates ont aussitôt dénoncé ces « représailles » de la part du président. « L’ambassadeur Sondland et le lieutenant-colonel Alexander Vindman sont des responsables courageux, des héros et des patriotes », a écrit l’élu Mark DeSaulnier sur Twitter. « La vengeance de Trump contre eux pour avoir dit la vérité est une action digne de dictateurs et de criminels, pas du président de la plus grande démocratie du monde ».
Le limogeage des deux hommes « est un nouvel abus de pouvoir de la part du président », a renchéri le sénateur Ron Wyden.
Lors d’un débat entre prétendants à l’investiture démocrate pour la présidentielle, l’ancien vice-président Joe Biden a lui appelé le public à une ovation debout en l’honneur du militaire. « Nous ne sommes pas comme Trump », a-t-il affirmé.
Alexander Vindman « a été escorté en dehors de la Maison Blanche », a déclaré son avocat David Pressman. « On lui a demandé de partir parce qu’il a dit la vérité », a-t-il dénoncé dans un communiqué. « Il a servi son pays même si cela le mettait en danger. À cause de cela, l’homme le plus puissant au monde, encouragé par les silencieux, les malléables et les complices, a décidé de se venger », a-t-il lancé.
Alexander Vindman, né en Ukraine et arrivé aux États-Unis à l’âge de trois ans, occupait depuis 2018 un poste de conseiller sur les affaires européennes au sein du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche.
En juillet, il avait écouté en direct l’appel téléphonique au cours duquel Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien d’enquêter sur son rival démocrate Joe Biden. Jugeant la requête « inappropriée », il avait alors décidé d’alerter les juristes de la présidence, qui n’avaient pas donné suite à son signalement.
En novembre, il était revenu sur cet épisode lors d’une audition au Congrès très embarrassante pour le président. Le lieutenant-colonel va retourner travailler au Pentagone, mais la nature de son futur poste n’est pas encore définie.
Selon les médias américains, le frère jumeau d’Alexander Vindman, lui aussi un lieutenant-colonel qui travaillait comme avocat au Conseil de sécurité nationale, a été limogé au même moment.
De son côté, Gordon Sondland a, malgré son limogeage, exprimé dans un communiqué sa « reconnaissance » envers le président Donald Trump. « Je suis fier de nos réussites. Notre travail a été le temps fort de ma carrière », a-t-il ajouté.
L’ex-ambassadeur avait notamment affirmé sans détour lors d’une audition publique en novembre devant le Congrès qu’un « donnant-donnant » avait bien été proposé aux Ukrainiens : si leur président voulait être invité à la Maison Blanche, il devait annoncer publiquement des enquêtes sur « Burisma », le groupe gazier qui a longtemps employé Hunter Biden. Ce dernier est le fils de Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama et rival potentiel de Donald Trump à la présidentielle de novembre.
Gordon Sondland avait ajouté « avoir acquis la conviction » que l’aide militaire avait également servi de levier. Il avait toutefois reconnu que le président Trump, avec qui il discutait régulièrement, ne lui en avait « jamais » parlé « directement ». Suite à son témoignage, Donald Trump avait assuré ne pas bien le connaître.