Tunisie: Mechichi refuse de démissionner
Le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi, qui est soutenu par la coalition des Frères musulmans au parlement, a refusé de démissionner de son poste, dans un contexte de crise constitutionnelle dans le pays en raison d’amendements ministériels, à un moment où le Parti destourien libre considérait que le gouvernement, avec les nouveaux amendements, ne fournirait rien au peuple tunisien, ce qui indique que la crise politique en Tunisie est sur le point de s’aggraver.
La situation tourne au dialogue de sourds, et au débat byzantin, et fait peser des risques incalculables au pays, dans une conjoncture de crises multiformes (sanitaire, économique, sociale…).
Le bras de fer entre les deux têtes de l’exécutif et leurs soutiens respectifs ne fait qu’envenimer davantage le climat, et exacerber les divisions au sein d’une société déjà délitée.
Hichem Mechichi semble aussi ferme dans son attitude, et a fait savoir ce vendredi 12 février à Tunis, qu’il ne démissionnera pas. « Je suis un soldat au service de ce pays, et le soldat ne fait pas désertion« , a-t-il affirmé dans une déclaration médiatique.
Il avait, auparavant, confié à ses proches alliés qu’il ne pense point à la démission et qu’après vérifications, il s’est assuré que ses nouveaux ministres n’ont rien à se reprocher, et ne sont pas sujets de soupçons.
Kaïs Saïed reste intransigeant et refuse de lâcher du lest. Il pose deux conditions à une éventuelle sortie de crise : Soit la démission de Hichem Mechichi, soit l’abandon des ministres sur lesquels pèsent des soupçons de corruption et de conflit d’intérêt, comme l’ont déclaré les députés qui l’ont rencontré à Carthage sur ce conflit.
Le retrait ou le remplacement des ministres contestés aurait été une solution. Le problème est que le président de la république qui dit détenir des informations à ce sujet, n’a pas argumenté ses propos, et n’a pas spécifié qui sont ces personnalités qui ne devraient pas mettre la main sur le Coran, et juger allégeance à la Tunisie et loyauté à son peuple.
Entretemps, ces ministres que l’on dit corrompus, sans que personne n’en sache exactement les éventuels torts, sont privés de leurs droits les plus élémentaires, soit, la présomption d’innocence, la dignité, la préservation de leur réputation, et voient leur vie privée ainsi que celle de leur famille injustement éclaboussée.
La démission du chef du gouvernement, indépendamment de la personne de Mechichi, de ses soutiens, sa ceinture politique fera revenir de nouveau le pays à la case départ, aux sempiternelles tractations pour le choix de son successeur, de son gouvernement…et inscrira dans la durée une instabilité politique, qui a fortement porté préjudice à la Tunisie, et détérioré son image à l’intérieur et à l’extérieur.
par: Arab Observer