Turquie : Les réfugiés syriens craignent d’être expulsés vers la province d’Idleb en Syrie
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La Turquie accueille 3,6 millions de Syriens déplacés par le conflit. 570 000 d’entre eux sont enregistrés dans la province d’Istanbul, et des dizaines de milliers y vivent illégalement. Le gouvernement turc, profitant d’un sentiment antimigrants accru dans la population, leur a donné jusqu’au 20 août pour rejoindre les provinces de Turquie où ils sont enregistrés.
« Quand les Syriens se sont installés à Istanbul, les loyers ont fortement augmenté, explique Merve, avocate turque. Les employeurs les embauchent pour des salaires très faibles. Beaucoup de travailleurs turcs ont perdu leur emploi. » Avec la dégradation de l’économie, sept Turcs sur dix se disent mécontents de la présence des Syriens. Depuis mi-juillet, les autorités ont arrêté 12 000 étrangers installés selon elles de manière « irrégulière » dans la métropole.
La peur d’être renvoyé en Syrie
Ibrahim, 28 ans, vit illégalement à Istanbul. « J’ai dû partir dans une autre ville pour m’enregistrer là-bas, indique-t-il. Et je suis revenu a Istanbul. Pour trouver du travail, tu as besoin d’être dans une grande ville. » Ibrahim a peur d’être arrêté et expulsé dans la province d’Idleb, comme c’est arrivé à son ami Hicham. « Il a été pris par Al-Qaida en Syrie. Depuis, personne n’a reçu de ses nouvelles. C’est effrayant, » témoigne Ibrahim
Dans le quartier du Fatih, à majorité syrienne, les habitants n’osent plus sortir de chez eux, de crainte d’être renvoyés en Syrie. En plus d’abriter des combattants d’HTS (l’ex-branche d’Al-Qaida), la province d’Idleb est bombardée quotidiennement par l’armée de Bachar El Assad et son allié russe. Vendredi 16 août, 15 personnes dont six enfants y ont trouvé la mort.