UE: un accord pour relancer l’économie face au coronavirus

Les ministres européens des Finances sont parvenus, jeudi soir, à un accord pour relancer l’économie face au coronavirus après avoir trouvé un terrain d’entente avec les Pays-Bas qui bloquaient les discussions depuis mardi. Face à la pandémie, la réponse européenne doit s’orienter sur trois axes principaux : jusqu’à 240 milliards d’euros de prêts du Mécanisme européen de stabilité (MES, le fonds de secours de la zone euro), un fonds de garantie de 200 milliards d’euros pour les entreprises et jusqu’à 100 milliards pour soutenir le chômage partiel.

La brûlante question des « coronabonds », cet emprunt européen commun réclamé par les pays du Sud, en particulier l’Italie, la France et l’Espagne, pour soutenir l’économie à plus long terme après la crise, n’a pas été tranchée. Le texte final évoque en revanche un futur « fonds de relance » dont « les aspects juridiques et pratiques », notamment le « financement », devront encore être définis. M. Le Maire a plaidé jeudi soir pour un fonds de « 500 milliards d’euros environ », destiné « aux dépenses d’avenir », « limité dans le temps » mais capable d’émettre de la dette commune car « c’est la seule solution ».

Selon l’accord, les prêts, jusqu’à 2% du PIB de l’Etat concerné, soit 240 milliards d’euros pour l’ensemble de la zone euro, pourront être utilisés sans condition pour les dépenses de santé et de prévention liées au coronavirus. Un compromis jugé « juste et raisonnable » par le ministre néerlandais Wopke Hoekstra, qui souligne qu' »un soutien économique » du MES hors dépenses de santé restera assorti de « certaines conditions ». « Les eurobonds sont sur la table, les conditions du MES ont été retirées de la table. Nous remettons au Conseil européen une proposition ambitieuse », s’est de son côté félicité le ministre italien de l’Economie Roberto Gualtieri.

Une réponse unitaire était d’autant plus indispensable que l’économie européenne se dirige en 2020 vers une profonde récession, le Fonds monétaire international estimant même que le coronavirus pourrait engendrer au niveau mondial « les pires conséquences économiques depuis la Grande Dépression » de 1929. Après une première nuit de discussion infructueuse, les contacts bilatéraux se sont multipliés pour tenter d’infléchir la position des Pays-Bas, unanimement critiqués mercredi matin pour leur inflexibilité empêchant tout accord.

Les Etats membres reprochaient à La Haye de bloquer l’activation du MES, créé en 2012 lors de la crise de la dette et financé par les Etats membres, en conditionnant strictement les prêts qu’il pourrait octroyer à des réformes économiques. Une telle « conditionnalité », qui aurait renvoyé à l’époque où la Grèce a été contrainte de mettre en œuvre des réformes parfois douloureuses en échange d’argent frais, aurait été vécue comme une humiliation par Rome et Madrid, les deux pays européens les plus touchés par l’épidémie.

Allemand et Néerlandais ont tous deux rappelé leur ferme opposition à toute mutualisation des dettes de leurs pays, refusant de s’inscrire dans une démarche commune avec les Etats très endettés du Sud, qu’ils jugent laxistes dans leur gestion. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui n’étaient eux-mêmes pas parvenus à s’entendre lors d’un sommet le 26 mars dernier, devront encore valider toutes ces propositions.

par: Arab Observer

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