Une trêve d’une semaine en Afghanistan

L’Afghanistan s’est réveillé samedi dans l’espoir que la trêve qui débutait ce jour et pour une semaine serait appliquée sur le terrain, préalable incontournable à la signature d’un accord entre les Etats-Unis et les talibans.

Cette trêve partielle, ou « réduction des violences », est censée démontrer la bonne volonté des insurgés avant la signature à la fin du mois d’un accord historique avec Washington, sur un retrait graduel des troupes américaines en échange notamment de garanties sécuritaires.
L’objectif américain est notamment d’éviter que l’Afghanistan ne redevienne un repaire de jihadistes, deux décennies après qu’Oussama Ben Laden y ait conçu les attentats du 11 septembre 2001 commis aux Etats-Unis.
L’accord doit aussi mener à l’ouverture de discussions inter-afghanes, visant à décider de l’avenir du pays alors que les talibans ont refusé depuis 18 ans de négocier.
La trêve graduelle était censée s’appliquer depuis samedi minuit (vendredi 19h30 GMT). L’accord devrait, lui, être paraphé le 29 février, à condition qu’une baisse des attaques soit constatée sur tout le territoire afghan, un préalable exigé par Washington.
« Une fois (la baisse des violences) mise en œuvre avec succès, la signature de l’accord entre les États-Unis et les talibans devrait aller de l’avant », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, à propos de cette promesse de Donald Trump, qui s’était engagé pendant sa campagne présidentielle de 2016 à retirer l’armée américaine de ce théâtre d’opérations meurtrier et devenu très impopulaire.

Le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a prévenu dans un tweet que si les talibans ne démontrent pas « leur engagement envers une réduction réelle de la violence », les Etats-Unis « restent prêts à se défendre et à défendre leurs partenaires afghans ».
« Nous nous préparons à ce que la signature ait lieu le 29 février », a précisé M. Pompeo dans un communiqué publié après sa visite en Arabie saoudite.
« Après de longues négociations, (les deux parties) ont convenu de signer l’accord finalisé en présence d’observateurs internationaux (…) le 29 février », ont confirmé les talibans dans un communiqué. Tant les Etats-Unis que les insurgés vont désormais « créer une situation sécuritaire adéquate » avant cette date, ont-ils poursuivi.
« Les forces de sécurité afghanes resteront en état de défense active pendant la semaine », a averti le président afghan Ashraf Ghani dans un discours télévisé.
« Les prochaines étapes du processus de paix dépendront de l’évaluation de la réduction de la violence cette semaine », a ajouté M. Ghani, réélu cette semaine pour un second mandat.

Moscou a immédiatement salué « un événement important » pour la paix, et l’Otan s’est félicité d’un accord ouvrant la voie à une « paix durable ».
Un désaccord semble toutefois manifeste entre les belligérants. Un porte-parole taliban, Suhail Shaheen, a ainsi tweeté que l’accord verrait « toutes » les forces étrangères quitter l’Afghanistan.
Quelque 12 à 13.000 soldats américains sont déployés en Afghanistan, où les Etats-Unis mènent la plus longue guerre de leur histoire. D’autres pays étrangers sont engagés dans le pays.
Les talibans ont été chassés du pouvoir en Afghanistan par une coalition internationale menée par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.
Les insurgés, qui gouvernaient à Kaboul depuis 1996, ont ensuite mené une guérilla incessante, qui a tué plus de 2.400 soldats américains et des dizaines de milliers de membres des forces de sécurité afghanes.
Selon la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA), 3.404 civils ont été tués et 6.989 blessés en 2019.
Washington a dépensé plus de 1.000 milliards de dollars pour cette guerre.

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