Venezuela: conférence internationale pour la démocratie, sans les alliés de Maduro
Une conférence internationale réunissant une soixantaine de pays se tient mardi à Lima pour tenter de trouver une solution pacifique à la crise politique au Venezuela, en l’absence des alliés du président Nicolas Maduro.
Convoquée par le Groupe de Lima, composé d’une douzaine de pays latino-américains et du Canada, la conférence accueillera une délégation américaine de haut rang envoyée par le président Donald Trump, menée par le secrétaire au Commerce Wilbur Ross et le conseiller à la sécurité nationale John Bolton.
Pour accentuer la pression sur le dirigeant socialiste que Washington souhaite voir quitter le pouvoir, Donald Trump a ordonné un gel total des biens aux Etats-Unis du gouvernement vénézuélien, a fait savoir lundi soir la Maison Blanche.
Toute transaction avec les autorités vénézuéliennes est également interdite.
Selon le Wall Street Journal, il s’agit là des premières mesures d’un embargo économique total décrété par Washington contre Caracas. Cela mettrait le Venezuela au même niveau que des pays comme la Corée du Nord, l’Iran, la Syrie et Cuba.
Quelques heures plut tôt, John Bolton avait prévenu que les Etats-Unis allaient annoncer durant la conférence des « étapes radicales » pour avancer vers « une transition du pouvoir de Maduro vers Juan Guaido », l’opposant reconnu par une cinquantaine de pays comme président par intérim du Venezuela.
A Caracas, Juan Guaido s’est félicité sur Twitter du gel par Washington des biens du gouvernement Maduro aux Etats-Unis.
M. Guaido, qui est le chef du Parlement, seule institution tenue par l’opposition, a estimé que la décision américaine visait à « protéger les Vénézuéliens » et a dénoncé une nouvelle fois une « usurpation » du pouvoir par Nicolas Maduro.
« Ceux qui la soutiennent, profitant de la faim et de la souffrance des Vénézuéliens, doivent savoir que cela aura des conséquences », a-t-il écrit.
Devant la presse lundi à Lima, John Bolton a exprimé son scepticisme sur l’issue des négociations entre le gouvernement et l’opposition.
Après des contacts exploratoires et une première rencontre mi-mai à Oslo, les discussions ont repris à La Barbade le 8 juillet. Selon le gouvernement norvégien, qui fait office de médiateur, les délégués du président Maduro et de l’opposant Juan Guaido se sont engagés à trouver une solution « constitutionnelle » à la crise vénézuélienne.
Dans son communiqué publié vendredi, le ministère norvégien des Affaires étrangères a souligné que la plateforme de dialogue mise en place sur cette île des Caraïbes travaillait « de manière continue et avec diligence », sans préciser la date de la prochaine réunion.
– « Transfert pacifique » –
« Nous ne croyons pas que Maduro prend au sérieux les négociations » de La Barbade, a déclaré John Bolton, ajoutant que Washington voulait « un transfert (du pouvoir) pacifique », comme l’exige le Groupe de Lima.
Assisteront notamment à la conférence de Lima des délégués du Vatican, de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni, d’Australie, de Corée du Sud, d’Israël, des Emirats arabes unis, d’Afrique du Sud et de 18 pays latino-américains.
Ont décliné l’invitation la Chine, Cuba, le Russie et la Turquie.
Le ministre péruvien des Affaires étrangères Nestor Popolizio, qui présidera la réunion, a précisé lundi au cours d’une conférence de presse qu’elle s’achèverait sans déclaration finale.
Sous la présidence de M. Maduro, héritier du président Hugo Chavez (1999-2013), le Venezuela s’est enfoncé dans la plus grave crise économique, sociale et politique de son histoire moderne. Quelque 3,3 millions de Vénézuéliens se sont exilés depuis 2015, selon l’ONU.
M. Maduro attribue cette situation à la « guerre économique » livrée selon lui à Caracas par les Etats-Unis, qui ont adopté contre le Venezuela des sanctions économiques incluant un embargo pétrolier.
L’opposition considère que le nouveau mandat entamé par le président socialiste en janvier est illégitime parce qu’il résulte d’une élection présidentielle faussée, selon elle, par la fraude. Juan Guaido, qui est à la tête du Parlement, s’est proclamé en janvier président par intérim du Venezuela.
Mais Nicolas Maduro refuse catégoriquement de démissionner. Selon lui, les pourparlers inter-vénézuéliens doivent aboutir à une « coexistence démocratique » entre le pouvoir actuel et l’opposition. Il appelle à mettre fin à ce qu’il appelle le « putschisme » de l’opposition et aux plans qu’ont selon lui les Etats-Unis pour mettre la main sur les réserves pétrolières du Venezuela, les plus importantes du monde.